BERGERONETTE GRISE

DESCRIPTION DE LA FAMILLE

Les Motacillidés sont des passereaux de taille petite à moyenne (11 à 24 cm), à longue queue et à longues pattes à doigts munis de longs ongles. Leur plumage est le plus souvent discret et cryptique, brun et strié par exemple. Quelques espèces exhibent des couleurs plus voyantes comme du noir et du blanc, ou alors du jaune ou de l'orangé sur les parties inférieures.
A quelques rares exceptions, ce sont des oiseaux de milieux herbacés ouverts, souvent proches de l'eau. L'essentiel de leur activité est terrestre.
On les trouve sur tous les continents, mais ils sont en majorité de l'Ancien Monde.

DESCRIPTION - IDENTIFICATION

La Bergeronnette grise est un oiseau anthropophile remarquable par sa silhouette (longue queue et ailes courtes) et ses couleurs. Elle fait partie de ce qu'on appelait autrefois vulgairement les hochequeues. En effet, comme chez ses consœurs, sa longue queue est agitée de mouvements verticaux fréquents. Son plumage est entièrement en noir et blanc et en nuances de gris. Il existe des variantes suivant les sous-espèces, mais qui n'empêchent pas l'identification. Nous décrirons ici la sous-espèce d'Europe de l'Ouest "alba". L'adulte nuptial a la tête noire et blanche (arrière de la calotte, nuque, arrière du cou, menton et gorge noirs, front et côtés de la tête et du cou blancs). Une bavette noire occupe la poitrine, en continuité avec le noir de la gorge.

L'œil est sombre et le bec noir. Le manteau, le dos et les scapulaires sont gris-cendre uni. Les ailes sont contrastées. Les couvertures et les tertiaires noirâtres sont ourlées et terminées de blanc, ce qui crée deux barres claires au milieu de l'aile. La queue est noire et bordée extérieurement de blanc. Le ventre et les sous-caudales sont blancs. Les flancs sont lavés de gris moyen. Les pattes sont noires.

 

Le dimorphisme sexuel est limité. La femelle a le noir moins pur que celui du mâle et la limite entre le noir de la tête et le gris du manteau est floue.
Au moment de la mue post-nuptiale, la tête s'éclaircit beaucoup. L'étendue du noir se réduit et la gorge blanchit. L'oiseau sera ainsi tout l'hiver jusqu'à la mue suivante.
Le juvénile a le plumage beaucoup moins contrasté. Du gris sombre occupe partiellement les zones qui sont noires chez l'adulte.
Les 9 sous-espèces se distinguent surtout en plumage nuptial par une répartition différente du noir et du blanc sur la tête et la poitrine et par une importance plus ou moins grande du blanc dans l'aile. Le mâle de la sous-espèce "yarrellii" des îles Britanniques et d'Irlande a le manteau et le dos d'un noir brillant et les flancs gris de suie.

INDICATION SUBSPECIFIQUE

  • - Motacilla alba alba (se Greenland, Iceland and the Faroe Is. through continental Europe to the Ural Mts, the Caucasus, c Asia and Middle East)
  • - Motacilla alba yarrellii (Ireland, Britain and coastal w Europe)
  • - Motacilla alba subpersonata (w Morocco)
  • - Motacilla alba personata (n Iran to sw Siberia, w Mongolia, nw China and w Himalayas)
  • - Motacilla alba baicalensis (sc Siberia to ne China)
  • - Motacilla alba ocularis (n Siberia to nw Alaska)
  • - Motacilla alba lugens (coastal se Siberia and islands, n Korea and n and c Japan)
  • - Motacilla alba leucopsis (inland se Siberia, c and e China, s Korea and sw Japan)
  • - Motacilla alba alboides (c and e Himalayas to s China, n Indochina and n Myanmar)

VOIX - CHANT ET CRIS

Le cri habituel, émis au posé ou en vol, est bisyllabique. C'est un "tsi uit" ou "ti pit" liquide, ou une variante sur ce thème. Le chant est une suite continue de notes mouillées gazouillées, ayant la même tonalité que le cri, assez peu sonore. Il n'est pas sans rappeler un chant d'hirondelle. Il est émis par le mâle depuis un perchoir exposé, ou alors en vol quand il est alerté par un rapace de passage comme un Épervier d'Europe et le poursuit vivement. Un observateur attentif peut ainsi être prévenu de l'arrivée silencieuse du prédateur.

HABITAT

La Bergeronnette grise occupe une large gamme d'habitats ouverts, qu'ils soient secs ou mieux, humides.

En effet, sans être vraiment liée à l'eau, elle se trouve souvent à proximité de celle-ci. La condition principale est que l'espace soit bien dégagé, avec un accès facile au sol où se passe l'essentiel de son activité. C'est pourquoi elle apprécie les milieux agricoles, les abords dégagés des plans d'eau, les pelouses urbaines, les terrains vagues industriels, la voirie, les décharges, etc. Une autre condition de sa présence en période de reproduction est qu'elle ait à sa disposition des sites pour sa nidification semi-cavernicole (anfractuosités diverses). Avant que l'Homme ne lui en procure en abondance, elle devait en trouver essentiellement le long du réseau hydrographique dans les berges érodées, d'où probablement sa relation à l'eau, et/ou dans le milieu rupestre.
En intersaison, on peut la trouver en tous milieux ouverts, jusque dans des endroits très désertiques à la faveur des cultures irriguées ou arrosées, des bassins de lagunages et autres oasis où elle peut trouver les insectes qui composent son régime.

COMPORTEMENT - TRAIT DE CARACTERE

Avec sa silhouette fine, sa longue queue agitée et sa tête noire et blanche, la Bergeronnette grise attire forcément l'attention dans le paysage urbain qu'elle fréquente systématiquement, surtout qu'elle n'est pas vraiment farouche.

Le mâle au printemps, chantant en évidence sur un toit ou tout autre perchoir élevé, se remarque bien.
C'est en plus un oiseau très sociable en dehors de la période de reproduction. On la voit volontiers en groupes dans les prairies ou les champs, surtout en période de migration lorsqu'elles se rassemblent pour migrer en troupes lâches, arpentant le sol où elle pratique la marche, la ponctuant de battements de queue. Ces groupes passent la nuit dans des dortoirs communs dans les ligneux ou plus rarement dans les roseaux avec la cousine printanière. Au printemps, elle forme des couples territoriaux qui défendent quelques arpents de terrain. Certaines bergeronnettes adoptent même des territoires alimentaires en hiver, surtout lorsque les ressources se raréfient.
La majorité des populations sont migratrices, mais à un degré qui varie suivant la latitude d'origine. Certaines le sont entièrement alors que d'autres dans le sud de l'aire peuvent être considérées comme sédentaires. Certaines bergeronnettes prennent le risque de manquer de nourriture à la mauvaise saison plutôt que d'entreprendre d'hasardeuses migrations.

VOL

Le vol de la Bergeronnette grise, comme celui de toutes les bergeronnettes, est un vol très onduleux, alternant battements rapides des ailes courtes à la montée et repli des ailes à la descente.

La silhouette et les cris typiques aident alors à l'identification de l'oiseau en vol. Les ailes relativement courtes n'autorisent pas de longues étapes migratoires. Lorsqu'elle est en chasse et que les insectes volants abondent, elle effectue des vols ascendants à leur poursuite avant de se laisser retomber à l'endroit où elle se trouvait initialement. Au sol, elle peut virevolter de droite à gauche, toujours pour attraper des proies mobiles.

ALIMENTATION - MODE ET REGIME

La Bergeronnette grise est insectivore au sens large et se nourrit de toutes sortes de petits invertébrés dont la nature varie suivant l'endroit où elle se nourrit.

Les études ont montré que les diptères étaient toujours majoritaires dans son régime car souvent naturellement abondants. Viennent ensuite les coléoptères puis d'autres items. Elle use de trois méthodes pour s'alimenter. Tout en marchant, elle repère à vue les insectes au sol et les prélève. Elle peut faire de même à la surface de l'eau sur la végétation flottante. À d'autres moments, elle court ou vole rapidement vers ses proies qu'elle prend à terre ou à faible hauteur. Elle peut enfin capturer des insectes en plein vol et sait même en saisir à la surface de l'eau en pratiquant le vol stationnaire. En général, la Bergeronnette grise avale ses proies d'un seul coup, car ce sont en général des insectes de petite taille, mais elle peut frapper les plus grosses ou les plus dures sur une pierre ou au sol avant de les avaler. Il est classique de la voir se nourrir directement sur les détritus d'un centre d'enfouissement des déchets qui attirent les mouches, ou alors sur un cadavre d'animal, un tas de compost, des laisses de mer ou tout autre amas de matière organique en décomposition pour les mêmes raisons.

REPARTITION - NIDIFICATION

La saison de nidification de la Bergeronnette grise s'étale d'avril à juillet mais le calendrier varie suivant la latitude. Sous des cieux tempérés, les couples ont le temps de mener à bien deux nichées, voire trois, ce qui n'est pas le cas pour les plus nordiques. Le mâle établit d'abord son territoire en chantant depuis un perchoir exposé comme le faîte d'un toit, puis courtise une femelle. Plusieurs mâles peuvent se quereller avec force gesticulations pour la même femelle, mais c'est cette dernière qui a le dernier mot. Puis surviennent les accouplements au bout de quelques jours de vie commune.

 

La nidification suivra sans délai. La Bergeronnette grise fait son nid dans une anfractuosité et ce dans des contextes très variés. On peut dire que de ce point de vue, l'espèce est accommodante. Ce peut être, et c'est le cas le plus fréquent, dans un bâtiment, sous un toit, sur une poutre, dans une fissure, etc. Une simple cabane peut suffire si elle procure le site adéquat. Les ponts sont également très attractifs. Tout cela lui rappelle son milieu rupestre d'origine, toujours occupé par ailleurs en montagne ou alors en plaine le long de certains cours d'eau encaissés ou dans les carrières. Les cas particuliers sont nombreux, dépôts de matériaux hétéroclites ou dépotoirs, sites de stockage de bois, embâcles naturels de cours d'eau, sites de compostage, etc. Le nid est parfois construit dans le nid d'une autre espèce ou dans sa structure. Les deux partenaires sont à l'œuvre, mais la femelle fait le plus gros du travail. Constitué d'éléments végétaux variés (brindilles, herbes, fibres diverses, radicelles, mousse), il est garni de poils, de laine et de plumes. La femelle pond cinq ou six œufs gris-bleu, tachetés de brun. L'incubation dure une quinzaine de jours, assurée majoritairement par la femelle. Les jeunes, couvés par la femelle durant les cinq premiers jours, sont nourris par les deux adultes. Ils quittent le nid au bout de deux semaines. Le couple se partage ensuite la fratrie qui sera encore sous sa dépendance une quinzaine de jours, mais la femelle peut entamer une seconde reproduction avant même que la première nichée soit émancipée.

DISTRIBUTION

L'aire de reproduction de la Bergeronnette grise s'étend sur l'ensemble du continent eurasiatique aux latitudes tempérées et boréales, et même subtropicales en Asie. À l'ouest, elle occupe l'Islande et a un comptoir au Groenland. À l'est, elle déborde du continent sur l'Alaska. Au sud, une sous-espèce particulière se trouve au Maroc, seule implantation africaine. Au nord, elle atteint la Nouvelle-Zemble russe. Elle se reproduit du niveau de la mer à plus de 5 000 m dans l'Himalaya.
En hivernage, les populations nordiques migratrices gagnent les régions à climat méditerranéen et tropical. En Afrique, elle dépasse le Sahara et descend jusqu'à la latitude de l'équateur dans l'est du continent. On la retrouve dans toute la péninsule Arabique et tout le sud du continent asiatique d'où elle déborde même sur l'Océanie (Bornéo, Philippines). En Europe de l'Ouest au climat tempéré océanique, elle reste en hiver en petit nombre dans les îles Britanniques, l'ouest de la France et autour de la mer du Nord.

MENACES - PROTECTION

La Bergeronnette grise est une espèce commune à très commune sur la majorité de son aire. Elle s'est très bien adaptée à un environnement humain. En conséquence, elle n'est pas considérée menacée.