SECHILIENNE - LA BATHIE

DIVERS OISEAUX....


















Une Mésange charbonnière malade est-elle contagieuse pour ses congénères ?

 

Oui, par contact direct ou indirect ou par l’intermédiaire d’un arthropode vecteur. Le risque de contamination est d’autant plus grand que l’individu sain (non encore infecté) est jeune.

 

Le virus est-il transmissible aux autres espèces sauvages ?

 

Oui. S’agissant d’un poxvirus d’origine aviaire, le virus est transmissible aux autres espèces d’oiseaux sauvages, qui peuvent ou non développer la maladie en fonction de leur sensibilité spécifique et de l’efficacité de leur système immunitaire. Le risque de transmission est a priori plus important pour des espèces phylogénétiquement proches de la Mésange charbonnière (c’est-à-dire les autres espèces de mésanges).

La maladie a ainsi été décrite chez d’autres espèces de Paridés en Europe, dont la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus), la Mésange noire (Periparus ater), la Mésange nonnette (Poecile palustris) et la Mésange boréale (Poecile montanus), mais à des fréquences nettement moindres car ces espèces semblent moins sensibles.

 

Le virus est-il transmissible aux volailles domestiques ainsi qu’aux oiseaux de cage et de volière ?

 

Oui. S’agissant d’un poxvirus d’origine aviaire, le virus est potentiellement transmissible aux volailles domestiques et aux oiseaux de cage et de volière, qui peuvent ou non développer la maladie en fonction de leur sensibilité spécifique et de l’efficacité de leur système immunitaire. Ce risque de transmission est imprévisible.

 

Le virus est-il transmissible à l’Homme ou aux mammifères domestiques ?

 

Non. Le poxvirus aviaire n’est pas connu comme pouvant infecter l’Homme ou les autres mammifères. La poxvirose aviaire n’est pas une zoonose.


La variole aviaire ou poxvirose

Présentation de cette maladie virale, les symptômes, le cas particulier de la Mésange charbonnière

La variole aviaire ou poxvirose est une infection causée par des virus de la famille des Poxviridae et du genre Avipoxvirus. Elle peut toucher un grand nombre d’espèces d’oiseaux sauvages ou domestiques, allant de l’Autruche d’Afrique aux passereaux. Il existe deux formes, la variole « sèche » et la variole « humide », qui provoquent des symptômes différents. La première est la plus visible et la plus courante : elle se traduit par l’apparition de nodules cutanés ou pustules sur les zones faiblement emplumées, surtout sur la tête (autour des yeux et du bec notamment) mais aussi sur les pattes ou sur les ailes.

La Mésange charbonnière (Parus major) est parfois touchée par une forme particulière et atypique de poxvirose se traduisant par des nodules cutanés verruqueux particulièrement volumineux. Cette variante a été observée pour la première fois en Norvège dans les années 1970, et d’autres cas ont ensuite été signalés dans les années 2000 en Europe centrale et au Royaume-Uni, mais aussi en France (dans l’estuaire de la Gironde, dans la Sarthe et en région parisienne notamment).

 

La variole aviaire ou poxvirose

 

La variole aviaire ou poxvirose est une maladie causée par des virus à ADN double brin du genre Avipoxvirus. Elle est connue chez de nombreuses espèces d’oiseaux domestiques et sauvages : 278 espèces appartenant à 70 familles ont en effet été recensées jusqu’à présent. Elle peut poser des problèmes dans les élevages, notamment de poulets, de dindes et de cailles, mais aussi de canaris, de pigeons et même d’Autruches d’Afrique (Struthio camelus).

La variole concerne aussi une grande variété d’oiseaux sauvages : rapaces diurnes et nocturnes, albatros, goélands, grues, cygnes, perroquets, passereaux (Merle noir, Corneille noire, Pinson des arbres, Verdier d’Europe, Chardonneret élégant, Accenteur mouchet, Moineau domestique, Étourneau sansonnet, etc.). Elle aurait été responsable du déclin de plusieurs oiseaux endémiques dans l’archipel d’Hawaï. Elle a été introduite dans l’archipel des Galápagos (Équateur) à la fin des années 1980, où elle a touché de façon variable différentes espèces de pinsons (genre Geospiza) endémiques.

 

 

Les symptômes

On distingue deux principales formes de variole aviaire :

- la forme « sèche », plus facile à repérer, se traduit par des lésions ressemblant à des verrues vésiculeuses puis nodulaires, essentiellement sur les parties déplumées de la tête (crête, barbillons, base du bec, contour des yeux), mais aussi sur les pattes ou les ailes. La période d’incubation et la durée de l’infection à virus de la variole aviaire sont variables (de quelques jours à plusieurs mois), mais les oiseaux aux lésions bénignes peuvent récupérer, et il s’agit sûrement de la situation la plus courante dans la nature. Ces nodules cependant  peuvent compromettre la vision, la capacité à se nourrir, ou entraîner une infection bactérienne ou fongique secondaire et rendre les individus plus vulnérables à la prédation.

- La forme diphtérique ou « humide », qui se transmet par inhalation du virus, provoque l’apparition d’une  membrane « diphtérique » au niveau de la bouche, du pharynx, du larynx et parfois de la trachée, provoquant des difficultés pour manger ou boire. Elle a été rarement signalée chez les oiseaux sauvages, sans doute parce qu’elle est moins aisée à diagnostiquer sur le terrain. Le risque de mortalité (généralement par asphyxie) est plus élevé (proche de 50 %) que pour la forme sèche.

D’autres symptômes sont parfois visibles : affaiblissement, amaigrissement, conjonctivite. La susceptibilité à l’infection varie selon les espèces, l’âge (les juvéniles sont plus fragiles), l’état immunitaire, la saison et l’environnement local.

 

Les virus du genre Avipoxvirus

 

Les avipoxvirus sont des virus à ADN (et non pas à ARN comme les virus de la grippe aviaire). Il existe plusieurs espèces d’avipoxvirus, comme Avipoxvirus serini (variole des canaris), Avipoxvirus columbae (variole des pigeons), Avipoxvirus galli (variole des poulets), Avipoxvirus meleagridis (variole des dindons), Avipoxvirus falconis (variole des faucons), Avipoxvirus fringillae (variole des juncos et d’autres fringilles), Avipoxvirus acridotheridis (variole des Martins tristes), Avipoxvirus coturnicis (variole des cailles), Avipoxvirus passeri (variole des moineaux), Avipoxvirus sturni (varioles des étourneaux), Avipoxvirus psittaci (variole des perroquets), …

Ils sont de forme ovale ou d’haltère et mesurent de 200 à 400 nanomètres de long : ils sont donc relativement « grands » (environ trois fois la taille d’un virus moyen) et peuvent être visualisés avec un bon microscope optique.

Leur surface extérieure, composée de lipides et de protéines, est biconcave et striée. L’intérieur est composé de deux corps latéraux, dont la fonction est inconnue, et d’un coeur formé de nucléoprotéines compressées et variées (plus de 100).

Leur génome est formé d’un double brin d’ADN de 130 à 300 kilopaires de bases.

Les avipoxvirus existent sous deux formes :

- le Virus Extracellulaire Enveloppé (EEV en anglais) à l’extérieur de la cellule hôte, comprend deux membranes externes

- le Virus Mature Intracellulaire (IMV en anglais) intracellulaire.

Le cas particulier de la variole aviaire chez la Mésange charbonnière

 

Chez la Mésange charbonnière (Parus major), la poxvirose peut présenter, en fonction de la compétence des défenses immunitaires de l’hôte, une forme particulière, atypique, se traduisant par des nodules cutanés verruqueux particulièrement volumineux. Ces nodules sont situés principalement sur la tête, autour des yeux ou du bec, mais ils peuvent également être présents sur les pattes ou les ailes. Ils sont de couleur grisâtre, rouge et/ou jaune et peuvent s’ulcérer et saigner suite à des frottements. La vitesse de développement de ces nodules est variable d’un individu à l’autre, et un nodule peut voir sa taille multipliée par cinq en un mois.

Les oiseaux atteints se déplacent et se nourrissent dans un premier temps normalement. Lorsque les lésions sont trop volumineuses et/ou mal placées, elles peuvent handicaper l’oiseau dans ses déplacements ou sa prise de nourriture, et limiter son champ visuel, le rendant plus vulnérable aux attaques de prédateurs.

Certains oiseaux guérissent de leurs lésions, même volumineuses (environ 20 %), mais la majorité des individus malades décèdent probablement suite à des surinfections ou à cause de la prédation.

Outre une répercussion sur l’état général de la Mésange charbonnière, il a été récemment démontré que cette  maladie pouvait avoir un impact négatif sur la croissance d’une population en réduisant le succès reproducteur des parents : en effet, la poxvirose est coûteuse en énergie pour les parents malades, qui s’épuisent à alimenter les jeunes jusqu’à leur indépendance. Par ailleurs, les parents peuvent transmettre le virus aux oisillons particulièrement sensibles et entraîner leur mort. Enfin, la poxvirose, en affaiblissant les oiseaux, fragilise les populations de Mésanges charbonnières en les rendant plus sensibles aux autres facteurs environnementaux (bactéries, froid, etc.).

L’apparition et l’expansion de la forme particulière de la variole chez la Mésange charbonnière

 

Le premier cas de poxvirose chez une Mésange charbonnière a été décrit en Norvège au début des années 1970, vraisemblablement suite à une mutation naturelle du virus. Des données ont ensuite été obtenues en Europe centrale (Autriche en 2005,  Hongrie en 2007, Tchéquie, Slovaquie et Allemagne entre 2005 et 2009) et au Royaume-Uni (2006). En 2007, une étude menée en Hongrie sur 1819 Mésanges charbonnières a permis de noter des lésions sur la tête chez 0,8 % des oiseaux.

En Grande-Bretagne, le nombre de cas a fortement augmenté chaque année depuis 2006, signe d’une infection émergente. En 2010, elle s’est nettement étendue vers le nord et vers l’est du pays, et le nombre de cas a été multiplié par trois, peut-être aussi suite à la mise en place d’une campagne nationale d’information.

Les chercheurs britanniques ont collecté l’ensemble des données d’oiseaux touchés entre 2006 et 2010 : le nombre de cas impliquant des mésanges (211) était bien supérieur à celui concernant d’autres oiseaux (91).

La grande majorité (90 %) des mésanges touchées étaient des Mésanges charbonnières, et leurs lésions étaient plus importantes que celles des autres espèces. Les cas étaient souvent regroupés, et la maladie semble s’être répandue à partir d’un foyer situé dans le sud-est du pays.  Le pic des cas était constaté en août et en septembre.

L’hypothèse principale pouvant expliquer l’émergence de la maladie en Grande-Bretagne serait l’introduction du virus par l’intermédiaire d’un oiseau migrateur infecté ou d’un arthropode vecteur, comme le moustique, en provenance d’Europe centrale ou de Scandinavie : la souche du virus était identique à celle trouvée dans ces régions, et la présence de la maladie chez la Mésange charbonnière n’avait jusqu’à présent pas été rapportée en Europe de l’Ouest.

Quand peut-on observer des Mésanges charbonnières atteintes de cette maladie ?

 

Les dernières études réalisées récemment sur le sujet au Royaume-Uni font état d’une saisonnalité dans l’observation des cas de poxvirose chez la Mésange charbonnière : il semble, en effet, que le taux d’animaux malades soit plus élevé en automne et au début de l’hiver. Cette saisonnalité s’expliquerait par des facteurs environnementaux et démographiques : augmentation de la population de vecteurs et notamment des moustiques à la fin de l’été et afflux et/ou massif dans l’environnement de jeunes oiseaux de l’année possédant un système immunitaire « naïf » (sensible à l’infection).

Les cas de poxvirose chez la Mésange charbonnière sont, par ailleurs observés plus tardivement dans l’année en Scandinavie et en Europe centrale qu’au Royaume-Uni. Dans ce dernier pays, des cas sont fréquemment rapportés en fin d’été; cette particularité anglaise s’expliquerait par des pratiques différentes de nourrissage par l’Homme (les jardins anglais disposent souvent de postes de nourrissage approvisionnés toutes les saisons), permettant ainsi l’observation d’individus malades à cette période.

Une Mésange charbonnière malade est-elle contagieuse pour ses congénères ?

 

Oui, par contact direct ou indirect ou par l’intermédiaire d’un arthropode vecteur. Le risque de contamination est d’autant plus grand que l’individu sain (non encore infecté) est jeune.

 

Le virus est-il transmissible aux autres espèces sauvages ?

 

Oui. S’agissant d’un poxvirus d’origine aviaire, le virus est transmissible aux autres espèces d’oiseaux sauvages, qui peuvent ou non développer la maladie en fonction de leur sensibilité spécifique et de l’efficacité de leur système immunitaire. Le risque de transmission est a priori plus important pour des espèces phylogénétiquement proches de la Mésange charbonnière (c’est-à-dire les autres espèces de mésanges).

La maladie a ainsi été décrite chez d’autres espèces de Paridés en Europe, dont la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus), la Mésange noire (Periparus ater), la Mésange nonnette (Poecile palustris) et la Mésange boréale (Poecile montanus), mais à des fréquences nettement moindres car ces espèces semblent moins sensibles.

 

Le virus est-il transmissible aux volailles domestiques ainsi qu’aux oiseaux de cage et de volière ?

 

Oui. S’agissant d’un poxvirus d’origine aviaire, le virus est potentiellement transmissible aux volailles domestiques et aux oiseaux de cage et de volière, qui peuvent ou non développer la maladie en fonction de leur sensibilité spécifique et de l’efficacité de leur système immunitaire. Ce risque de transmission est imprévisible.

 

Le virus est-il transmissible à l’Homme ou aux mammifères domestiques ?

 

Non. Le poxvirus aviaire n’est pas connu comme pouvant infecter l’Homme ou les autres mammifères. La poxvirose aviaire n’est pas une zoonose.