Superbe lac glaciaire dans le Vallon de la Lavey. Le récent lac de la Muande est visible depuis l'itinéraire de montée au lac des Rouies.
Le lac des Rouies est un cirque glaciaire situé dans le parc national des Écrins. Il culmine à 2 722 m entre la cime du Vallon (3 406 m) et l'Olan (3 564 m). Sa superficie est de 7,31 ha.
Il est apparu au cours du retrait glaciaire, comme les lacs de l'Eychauda, d'Arsine, et des Quirlies.
Normalement, le lac aurait du s’appeler « lac de La Lavey » car il apparaît aux pieds du glacier de La Lavey, d’autant qu’il existe un glacier des Rouies de l’autre côté de la montagne. La fonte des glaciers a dégagé, dans les années 1950, l'ombilic de surcreusement du glacier de La Lavey, que remplit maintenant le Lac des Rouies.
Vallon de la Lavey
Le Vallon de la Lavey est l'un des principaux, sinon le principal vallon de Saint-Christophe-en-Oisans. Il est situé en rive gauche de la vallée du Vénéon en face du hameau de Champhorent.
Il se raccorde à celle-ci par un gradin de confluence glaciaire de faible ampleur, de l'ordre de 200 mètres, indiquant un glacier d'importance presque équivalente à celui du haut Vénéon. Son torrent le parcourt par une gorge de raccordement qui comme son voisin de la Mariande se termine par la bruyante Cascade de la Lavey que l'on devine depuis le confluent.
Orienté globalement nord-sud il permet de remonter jusqu'à la crête de séparation avec le Valgaudemar, que l'on aperçoit de Champhorent. C'est une belle vallée glaciaire en auge typique, profonde et de grande longueur, de l'ordre de la dizaine de kilomètres jusqu'au pied des Rouies.
Malgré sa faible altitude, inférieure à 2000 m quasiment sur ses 8 premiers kilomètres, elle est entourée d'une belle brochette de sommets compris entre 3300 et 3600 mètres : sur son versant est, on a du nord au sud,
- la Tête des Fétoules (3459 m),
- la Tête de l'Étret (3559 m),
- la Pointe du Vallon des Étages (3564 m) située un peu en retrait,
- et les Rouies (3589 m), le point culminant de la vallée ;
au fond du vallon, la Pointe de la Muande (3315 m) et la Cime du Vallon (3406 m) ; sur son versant ouest, du sud au nord,
- l'Olan (3564 m) bien caché,
- l'Aiguille de l'Olan (3373 m) bien visible,
- la Pointe Maximin (3303 m)
- et l'Aiguille des Arias (3402 m).
Le vallon possédait un important système glaciaire qui a fortement marqué le paysage. Trois glaciers convergeaient à l'époque du Petit Age Glaciaire au fond du vallon, mais sans vraiment se rejoindre. Ils ont beaucoup reculé depuis lors et leur recul s'est encore considérablement accéléré depuis le début du siècle. Leurs altitudes sont à vrai dire trop faibles pour en garantir la pérennité à long terme. Tous les petits glaciers sont de toute façon condamnés à disparaître à brève échéance, alors que les appareils les importants peuvent encore résister dans leurs parties hautes :
- Le cirque de la Muande, qui ferme le vallon à l'amont, est encore occupé par un système glaciaire significatif mais de plus en plus morcelé avec le Glacier de la Muande, que son altitude protège un peu, et le Glacier du Fond qui est en cours de dislocation.
Celle-ci, très rapide durant la dernière décennie, a provoqué le dégagement d'un austère lac juxta-glaciaire, le Lac de la Muande.
Le retrait du Glacier de la Lavey accompagné lui aussi par l'apparition d'un lac panoramique, le Lac des Rouies, est plus ancien et plus marqué encore. Il est maintenant séparé en deux glaciers éloignés de plusieurs centaines de mètres en altitude et de près d'un kilomètre en distance. L'un est perché sous le Col de la Lavey et l'autre s'amenuise en amont du lac.
Le Glacier des Sellettes dispose d'un vaste cirque bien protégé au pied de l'Olan. Certes, il s'est morcelé en deux glaciers qui s'éloignent l'un de l'autre mais il semble mieux résister que ses voisins.
Au milieu du vallon à la hauteur du Plan de la Lavey, le Glacier d'Entre-Pierroux , pourtant en face nord, est réduit à l'état de confettis disjoints, certains suspendus. Plus au nord, il y a longtemps que les petits Glaciers du Lac et du Bec de Canard ne sont plus que des reliques réfugiées sous les crêtes.
Aussi loin que remontent les sources, elles indiquent un vallon parcouru, exploité et occupé par l'homme. Le Col de la Muande (3103 m) est un passage connu depuis longtemps entre Saint-Christophe et le Valgaudemar. Malgré son caractère glaciaire, il est cité aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Au XVIIIe siècle, de Bourcet, sur sa carte dressée à des fins militaires, indique explicitement un itinéraire par le Col de la Muande. Il n'excluait donc pas que l'on pût y faire passer une troupe ! Les deux magnifiques ponts de pierre, surdimensionnés pour un simple accès au vallon, rappellent l'importance de cette ancienne voie de communication. Ils remontent au XVIIe siècle, le premier donne accès au vallon alors que le deuxième permet simplement au chemin principal de passer d'une rive à l'autre, alors même que des chemins secondaires existent sur chacune des rives.
Les traces d'anciens habitats sont également nombreuses. Elles témoignent d'habitats, peut-être permanents ou simplement temporaires, qui remontent au Moyen Âge, notamment au XIIe siècles, marqué par une forte croissance démographique qui a entraîné une extension en altitude des zones habitées et exploitées, alors que la péjoration climatique qui a commencé durant la 2e moitié du XIVe siècle a eu les effets inverses et donc l'abandon de nombreux sites d'altitude.
C'est ainsi que la Raja (1560 m) sur la montée d'accès au vallon, Ragiate ou Ragiacos en 1339, Regeate sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle, était un hameau permanent au Moyen Âge déjà. Peut-être aussi, la Grande Jasse (1672 m) après le Ruisseau des Mandes. Ce site illustre d'ailleurs le mode de colonisation, commun à d'autres dans la vallée, qui commence autour d'abris sous roche avant de passer aux cabanes en pierres sèches. Il devait en être de même pour le lieu-dit Sous la Lavey, dans le plan en amont du refuge et du hameau de la Lavey, et pour Rama de la Selle (1820 m), la Ramasse en 1834, plus loin dans le vallon, en amont du Ruisseau de la Selle, où on retrouve l'évolution abri sous roche, puis cabanes en pierres sèches.
Plus surprenants, on trouve aussi traces d'habitats temporaires en altitude, liés au pastoralisme, datant aussi sans doute du Moyen Âge et abandonnés à la fin du Moyen Âge ou peu après. Citons Grand Rousset, Rousset de Via et Coyetère, les deux premiers situés autour de 2300 m sur la rive gauche, le troisième sur la rive droite avant le grand saut du Ruisseau de la Donzelière, appelé Ruisseau de la Coyeteyre sur la carte Duhamel de 1892. Il existe aussi des vestiges de bergerie temporaire sous le Lac des Bèches (2250 m) .
Seuls deux hameaux permanents ont traversé les siècles. Celui du Souchey (1688 m), nommé Souché sur la carte de Cassini, domine l'entrée du vallon face à Champhorent avec lequel il était facile de communiquer visuellement. Abandonné aujourd'hui, il conserve toutefois quelques maisons encore debout et occupées en été. Un muret de pierres sèches délimitait ses alpages en direction de la vallée. Il est relié au hameau du Clot en direction de Saint-Christophe par un chemin direct qui offre et offrait une alternative intéressante pour accéder au vallon. Il se poursuit dans le vallon où il rejoint le chemin principal immédiatement après le pont de pierre. Le hameau principal était celui de la Lavey ou Lavet (1797 m) sur le verrou à proximité du refuge actuel qui était encore habité, au moins à titre temporaire, au début du XXe siècle.
Le Vallon de la Lavey a la particularité de ne pas porter le nom de son torrent qui est le Ruisseau de la Muande. Beaucoup l'appelle d'ailleurs Vallon de la Muande. Pourtant une définition de la Muande est donné dans un bail à ferme dressé en 1834 comme étant le vaste ensemble à la forte unité en amont du Plan de la Lavey., également nommé Muande et Olan en 1871. A contrario, certains commencent à parler du Torrent de la Lavey, nom moderne comme Cascade de la Lavey. Il semble bien que Lavey soit au sens strict et au départ le nom du site du refuge et du hameau principal du vallon. L'extension au vallon est compréhensible. Elle semble ancienne puisque la carte de de Bourcet levée entre 1749 et 1754 mentionne Lavet, Vallon de la Muande ou du Lavet, Col de la Méande, Pointe de la Muande. Celle de Cassini, quelques années plus tard, marque la Lavette R, la Lavet.
Dans la description de ses voyages, Roussillon utilise Combe de la Lavey pour nommer le vallon (1854).
L'ambiguïté est donc grande, mais Lavey semble prendre néanmoins le dessus sur Muande. Déjà le nom est monté au Col de la Lavey et au Glacier de la Lavey, mais il a dû aussi reculer contre toute logique à son lac. Muande, reste dans le haut du vallon, dans son secteur en quelque sorte, mais le ruisseau de celle-ci pourrait vite céder la pas au torrent de celle-là.
Muande (rappelle les mouvements des troupeaux tout au long de la saison d'été, alors que Lavey garde le souvenir de l'éboulement qui a déposé tous les rochers où se situe le refuge et les ruines des anciens chalets. En mars 2011, un nouvel éboulement a provoqué une coulée qui est arrivée à proximité du refuge.
La Lavey est donc le lieu-dit où se trouve aujourd'hui le refuge et où se trouvaient les dernières habitations d'altitude encore au début du XXe siècle, dont le nom s'est étendu à tout le vallon, probablement dès le début de l'époque moderne, en concurrence avec la Muande qui au sens strict couvrirait l'amont du vallon au delà du Plan de la Lavey. Le site se trouve sur le deuxième verrou depuis le bas du vallon à près de 1800 mètres d'altitude, il est parsemé de gros blocs de rochers, témoins de l'éboulement qui a donné son nom au lieu. Il domine de quelques dizaines de mètres le Plan de la Lavey à l'amont, une zone de surcreusement où confluaient le glacier venant de la Muande et le Glacier d'Entre-Pierroux issu des pentes nord de l'Aiguille de l'Olan (3373 m) et de la Pointe Maximin (3306 m).
L'Aiguille de l'Olan (3373 m) impose sa puissance de toute sa hauteur, près de 1600 m pour une distance horizontale inférieure à 2400 mètres. Sa face nord est de plus en plus rocheuse avec deux glaciers suspendus résiduels, vestiges de l'ancien glacier qui occupait encore tout le cirque il n'y pas si longtemps de cela.
Lac des Rouies
Le Lac des Rouies (2722 m) est un lac proglaciaire situé au fond du Vallon de la Lavey, sur sa rive droite. Il est perché sur un épaulement glaciaire surcreusé qui domine le haut du vallon de plus de 400 mètres. Il offre un panorama magnifique sur
- la Cime du Vallon (3406 m),
- l'Olan (3564 m)
- et l'Aiguille de l'Olan (3373 m).
Il ne dégèle que début juillet au mieux pour regeler souvent dès le début du mois d'octobre, voir un peu avant.
Fiche descriptive :
Commune : Saint-Christophe-en-Oisans
Localisation : Vallon de la Lavey, rive gauche du Vénéon.
Altitude : 2722 m
Superficie : 5,7 ha
Profondeur : 19,2 m
Accès : 3h30 depuis le Refuge de la Lavey.
Difficulté : Longue marche d'approche. Remontée d'un raide verrou rocheux, passages rocheux nécessitant l'usage des mains. Éboulis instables et pénibles dans le final.
Particularités : Lac de haute altitude et flore glaciaire.
Le Lac des Rouies est apparu aux alentours des années 1950 par suite du recul du Glacier de la Lavey. La logique aurait voulu qu'il en eût pris le nom dans la mesure où le Glacier des Rouies se trouve sur l'autre versant. Mais l'omniprésence du sommet des Rouies à l'aplomb du lac l'a emporté. Il occupe un ombilic - sa profondeur de près de 20 mètres en atteste, en arrière du rebord d'un épaulement glaciaire surcreusé. Il est entouré sur sa rive droite de plusieurs cordons morainiques, qui retiennent temporairement de petites mares d'eau ferrugineuse. Il commença à apparaître en 1928 mais ne prit sa dimension définitive qu'en 1952. Jusqu'à ses dernières années, c'était un lac juxta-glaciaire dans lequel le Glacier de la Lavey plongeait encore. Mais la poursuite du retrait du glacier en a fait remonté le front à une cinquantaine de mètres du lac.
Le glacier recouvrait autrefois toute la pente sous l'arête nord des Rouies (3589 m) jusqu'au Col de la Lavey (3309 m). Son alimentation provenait aussi bien des hauteurs du col que des pentes des Rouies. Une langue barrait toute la face au dessus du lac et une diffluence du Glacier sommital des Rouies l'alimentait de ses chutes de glace. C'est à peu près tout ce qui continue aujourd'hui encore à alimenter ce qui reste de glacier. Celui-ci s'est en effet morcelé, la langue descendant du Col de la Lavey a disparu. Il ne reste qu'un glacier supérieur disjoint du glacier inférieur plaqué au pied des Rouies sous les chutes de glace de la langue diffluente. La toponymie cite maintenant les Glaciers de la Lavey. La bande de glace dans la face ouest des Rouies existe toujours mais son amenuisement ne lui permet plus de contribuer à l'alimentation du glacier inférieur. Celui-ci recule fortement, son front en biseau très aplati recouvert de moraines se situe à une cinquantaine de mètres des rives du lac. Une bande de glace morte subsiste sous une ancienne moraine sur sa rive gauche alors que de la glace doit toujours être présente sous des éboulis à l'aplomb du sommet des Rouies et quasiment au contact du lac. Le glacier supérieur n'est pas fringuant non plus, il s'est d'ailleurs à nouveau morcelé en deux avec un résidu de glacier vers le col et le glacier principal sous la face rocheuse. De même la bande glaciaire sous la crête reliant la Tête de L'Étret (3559 m) à la Pointe du Vallon des Étages (3564 m) est moribonde. Le Glacier de l'Étret à l'extrémité ouest de cette bande glaciaire se réduit également comme peau de chagrin.
Les abords du lac correspondent à un véritable jardin des glaciers avec de nombreuses plantes caractéristiques, tels que saxifrages, génépis, etc. Mais le milieu est fragile et demande de l'attention pour ne pas bousiller les plantes en marchant dessus.
En continuant au dessus du lac, on peut rejoindre le Col de la Lavey (3309 m) qui permet de redescendre sur le Carrelet par le Glacier du Chardon ou de traverser les Rouies et de rejoindre le Valgaudemar, il s'agit alors d'alpinisme ou de ski-alpinisme suivant la saison et le matériel.