MESANGE BLEUE

FAMILLE DES PARIDES

14 genres et 64 espèces

Les paridés sont des passereaux corpulents de taille petite à moyenne. La couleur de leur plumage résulte essentiellement de la combinaison de jaune, rouge, bleu, noir et blanc. Les parties colorées sont d'habitude bien tranchées et dépourvues de stries ou taches. Leur bec est droit, assez court mais puissant. C'est un outil qui leur permet de percer l'enveloppe des graines dures, de creuser le bois mort, etc. Leurs pattes, robustes et griffues, est une adaptation au milieu arboré. Elles leur permettent de s'agripper aux branches et d'explorer les ligneux dans toutes les positions et situations, y compris la tête en bas. Elles maintiennent également entre les griffes la nourriture qui est attaquée du bec. Leur reproduction est cavernicole. Suivant les cas et les espèces, la cavité de nidification préexiste ou bien est creusée avec le bec.

DESCRIPTION - IDENTIFICATION

 

La Mésange bleue est une petite mésange qui tire son nom de la couleur bleue de sa calotte, de ses ailes et de sa queue. Sa tête est remarquable. La face, largement blanche, est barrée de trois traits bleu sombre à noirs, deux traits loraux qui passent par l'œil pour rejoindre la nuque de même couleur, et un large trait gulaire qui rejoint un collier, qui lui-même borde les joues blanches et rejoint la nuque. Le mâle adulte se distingue à la teinte bleue du plumage plus marquée, surtout à la calotte. Le bleu de la femelle est plus terne. Le manteau est jaune-vert. Un trait blanc se voit sur l'aile au niveau des grandes couvertures. Les parties inférieures sont jaune-citron, avec une esquisse de ligne médioventrale noirâtre sur le bas de la poitrine et le haut du ventre, rappelant un peu celle de sa cousine charbonnière, mais moins marquée. L'œil est sombre. Bec et pattes sont gris bleuté.

Le juvénile est plus terne que l'adulte. La calotte est grisâtre, le manteau moins vert. Une teinte jaune envahit le blanc de la tête. Les parties inférieures sont blanchâtres. Le plumage commencera à se colorer dès la mue post-juvénile.

INDICATIONS SUBSPECIFIQUES 

9 sous espèces

 

  • - Cyanistes caeruleus caeruleus (n, c and e Europe to w and n Asia Minor)
  • - Cyanistes caeruleus obscurus (British Isles)
  • - Cyanistes caeruleus balearicus (Mallorca)
  • - Cyanistes caeruleus ogliastrae (Iberian Pen., Corsica and Sardinia)
  • - Cyanistes caeruleus calamensis (s Greece, Cyclades, Crete and Rhodes)
  • - Cyanistes caeruleus orientalis (se European Russia)
  • - Cyanistes caeruleus satunini (Crimean Pen., Caucasus, e Turkey and nw Iran)
  • - Cyanistes caeruleus raddei (n Iran)
  • - Cyanistes caeruleus persicus (sw Iran)

Voix chant et cris

 

Le répertoire vocal de la Mésange bleue est très diversifié et difficile à transcrire. Elle pousse des "tsi" de contact très aigus, assez semblables à ceux des autres mésanges et même des grimpereaux. Les cris habituels peuvent être transcrits par "si si si", "si lu lu lu lu lu lu", "ch ch ch ch ch du", "tche he he he he he", avec de nombreuses variantes sur ces thèmes. Un "psi psi du du du du du" territorial a valeur de chant.

HABITAT

La Mésange bleue est une espèce forestière dont l'optimum écologique est en forêt de feuillus. C'est typiquement l'oiseau de la chênaie en Europe.
Sa densité peut y atteindre 2,5 couples à l'hectare. Elle y côtoie ses consœurs charbonnière et nonnette, elles aussi tournées vers les feuillus. On la trouve néanmoins en forêt mixte, mais avec une densité moindre. Elle évite les forêts de conifères pures, excepté au Moyen-Orient ou alors lors des déplacements inter-nuptiaux. La majorité des nicheurs se trouvent en dessous de 1 200 m d'altitude, mais elle peut monter à 1 500 m, voire plus, dans les Alpes et les Pyrénées, et même à plus de 3 000 m dans le Caucase. Elle déborde du milieu forestier à la faveur de sa plasticité écologique. C'est ainsi qu'on la trouve dans les bosquets, les ripisylves, les haies arborées du bocage, les parcs, vergers et jardins, etc.

COMPORTEMENT - TRAIT DE CARACTERE

La Mésange bleue est un petit oiseau très actif et très agile. Elle est sans cesse en mouvement à la recherche de sa nourriture. Elle a une façon bien à elle d'évoluer dans les houppiers en adoptant des positions acrobatiques autorisées par ses doigts griffus. Elle se laisse pendre à l'extrémité des rameaux, la tête en bas, et explore du bec suivant la saison bourgeons et fructifications. Lorsqu'elle en a terminé avec une brindille, elle s'installe sur la suivante qui subit un mouvement de balancier caractéristique.
En saison de reproduction, la Mésange bleue forme des couples territoriaux.

Malgré sa petite taille, elle est batailleuse et sait se montrer agressive envers les intrus de même taille qui lui font concurrence, en particulier pour les sites de nidification. Néanmoins, la densité spécifique est souvent l'une des plus élevées parmi les passereaux forestiers. Le mâle en parade se laisse tomber, ailes étendues, depuis les houppiers en vue de la femelle, et se présente devant elle ailes écartées et vibrantes, calotte bleue bien en vue. Il pratique aussi l'offrande de nourriture à la femelle qui quémande dans l'attitude du poussin, en faisant trembler ses ailes. Pour l'attirer vers la cavité qui pourrait abriter le nid, le mâle effectue de lents glissés vers elle pour l'inviter à la visiter.
La Mésange bleue cherche sa nourriture en hauteur dans les arbres, en moyenne plus haut que les autres membres de la famille et descendant plus rarement au sol.
La nuit, la Mésange bleue se tient dans le lierre ou les feuillus denses, mais aussi dans des endroit abrités comme des creux ou des trous quand il fait mauvais temps.
Après l'émancipation des jeunes et pour toute la période inter-nuptiale, les Mésanges bleues forment avec d'autres espèces de mésanges, grimpereaux et roitelets, des groupes qui vagabondent en quête de nourriture, tout d'abord en forêt, puis au fur et à mesure que le froid gagne, se rapprochent des milieux urbanisés où elles savent pouvoir trouver un complément alimentaire. Elles fréquentent assidûment les postes d'alimentation, appréciant graisse et graines grasses.
C'est une migratrice partielle en Europe. Les oiseaux de nos régions sont généralement sédentaires mais les populations vivant en Europe du Nord et du Nord-Est sont affectées par des mouvements d'assez grande ampleur en direction du sud-ouest du continent.

VOL

La Mésange bleue a un vol assez lent et un peu hésitant, dû à une succession de battements rapides entrecoupée de brèves pauses. Elle effectue des vols courts d'un arbre à l'autre, s'arrêtant brusquement sur un perchoir. Mais lors des déplacements migratoires, les petits groupes lâches, qu'elle constitue alors, volent sur de plus longues distances et assez haut, d'un vol plus soutenu.

ALIMENTATION - MODE ET REGIME

À la belle saison, la Mésange bleue est essentiellement insectivore. Les chenilles de lépidoptères entrent pour une bonne part dans son régime, surtout au moment de l'élevage des jeunes.

Elle peut à se titre jouer un rôle très bénéfique, avec les autres espèces de mésanges, lors des pullulations de ravageurs comme la Tordeuse du chêne. Les pucerons sont aussi très recherchés. En fait, elle peut s'attaquer à une grande variété de proies invertébrées de petite taille. En saison inter-nuptiale, l'espèce devient nettement granivore et frugivore, tout en continuant à être insectivore à la faveur des formes de résistance des insectes (œufs, chrysalides). Elle peut causer des dégâts dans les vergers en s'attaquant aux bourgeons et aux fruits, mais cela est largement compensé par sa consommation d'insectes. Des arbres comme les saules et les peupliers jouent pour elle un rôle important. Au moment de l'abondante floraison printanière, les oiseaux prélèvent nectar et pollen ainsi que les insectes venant butiner les châtons. Ils savent aussi boire la sève qui s'écoule de blessures dues aux pics ou à certains insectes. Enfin, en intersaison, ils se nourrissent des nombreuses graines.

REPRODUCTION - NIDIFICATION

La Mésange bleue se reproduit d'avril à juillet. C'est un nicheur cavernicole. Elle construit son nid dans toute cavité de taille convenable, pourvu que son entrée soit suffisamment restreinte pour lui éviter d'être confrontée à des concurrents de plus grande taille comme la charbonnière.

Un trou dans un arbre est le cas le plus fréquent, mais elle peut occuper aussi une cavité rupestre dans une falaise, un mur ou un front de taille de carrière. En fait, toute cavité pouvant contenir son nid peut être choisie, comme des tuyaux, des poteaux creux, des agglos en ciment, etc. Elle adopte volontiers les nichoirs artificiels. Le nid est fait de mousse, d'herbes sèches et autres éléments végétaux, et sa coupe est garnie de poils d'animaux. La ponte est constituée de 9 à 13 œufs dont l'incubation n'excède pas 15 jours. Seule la femelle couve, le mâle s'occupant du ravitaillement. Les jeunes sont nourris par le couple. Leur envol se produit à l'âge de 19-20 jours mais l'émancipation totale n'intervient qu'au bout de 4 semaines. Une seconde ponte en fin de printemps est régulière dans la majorité de l'aire. L'espèce a quelques prédateurs de ses couvées ou nichées tels que les écureuils et les pics.

DISTRIBUTION

La Mésange bleue est une espèce essentiellement européenne. Elle occupe tout le continent, excepté le nord de la Fennoscandie. Son aire se prolonge en Russie occidentale un peu au delà de la Volga. Au sud-est, on la trouve en Asie mineure, dans le Caucase et jusqu'en Iran.
La Mésange bleue est réputée sédentaire, mais les suivis de la migration post-nuptiale ont montré de nets passages de cette espèce dont les populations les plus nordiques sont probablement migratrices.
Des études génétiques récentes ont montré que les Mésanges bleues formaient deux groupes différents, chacun d'eux constituant une bonne espèce. On distingue maintenant Cyanistes caeruleus en Europe, celle dont il est question ici, et Cyanistes teneriffae, la Mésange nord-africaine, en Afrique du Nord, aux Canaries et sur l'île de Pantelleria, seule portion du territoire européen où cette "nouvelle" espèce se reproduit.

MENACE - PROTECTION

La Mésange bleue est commune et largement répandue dans tout son habitat. Localement un déclin a pu être constaté, mais globalement, les populations semblent en bonne santé. Elle a même progressé numériquement et spatialement au nord de son aire, en Fennoscandie, au cours du 20e siècle.