Les paridés sont des passereaux corpulents de taille petite à moyenne. La couleur de leur plumage résulte essentiellement de la combinaison de jaune, rouge, bleu, noir et blanc. Les parties colorées sont d'habitude bien tranchées et dépourvues de stries ou taches. Leur bec est droit, assez court mais puissant. C'est un outil qui leur permet de percer l'enveloppe des graines dures, de creuser le bois mort, etc. Leurs pattes, robustes et griffues, est une adaptation au milieu arboré. Elles leur permettent de s'agripper aux branches et d'explorer les ligneux dans toutes les positions et situations, y compris la tête en bas. Elles maintiennent également entre les griffes la nourriture qui est attaquée du bec. Leur reproduction est cavernicole. Suivant les cas et les espèces, la cavité de nidification préexiste ou bien est creusée avec le bec.
DESCRITION - IDENTIFICATION
La Mésange charbonnière est une grande mésange, la plus grande de celles auxquelles nous sommes confrontés dans l'ouest du continent. Elle est remarquable par sa tête noire à larges joues blanches. L'œil très sombre est noyé dans ce noir. Le dessus du corps, manteau et dos, est verdâtre avec une zone plus claire sur la nuque. Les ailes et la queue sombres sont d'un gris nettement nuancé de bleu. Une barre alaire blanche se distingue sur les grandes couvertures alaires. Les parties inférieures sont jaunes mais s'éclaircissent vers la queue. L'arrière des flancs est gris. Le bas-ventre et les sous-caudales sont blancs avec un trait noir médian sur ces dernières. Un bandeau noir médio-ventral court de la gorge au ventre, large et d'un noir profond chez le mâle adulte, plus restreint et plus irrégulier chez la femelle. Ce dimorphisme sexuel n'est évident que chez les adultes. En vue de dessous, la queue paraît bordée de blanc. Ce blanc sur les rectrices externes est bien visible en vol lorsque la queue est ouverte. Le bec est noir et les pattes sont d'un gris bleuté.
Le juvénile a
des couleurs plus ternes que celles de l'adulte. Le noir de la tête est mat. Les joues sont
lavées de jaune. Le bandeau noir ventral est à peine indiqué. Il faut attendre la mue post-juvénile pour
que le plumage soit plus conforme à ce qu'on attend de l'espèce.
Il existe, ou plutôt existait car
la situation taxonomique a changé, de très nombreuses sous-espèces (36)
de Mésange charbonnière, sensu lato, qui diffèrent surtout par la coloration. La sous-espèce major
qui occupe l'Europe continentale, très colorée comme on l'a vu plus haut, se situe à l'extrémité occidentale d'un cline qui
en Extrême-Orient donne des sous-espèces comme
cinereus ou nipalensis qui ont perdu le jaune du plumage et sont entièrement en noir, blanc et nuances de gris. Ces dernières ont été récemment élévées au rang d'espèces,
ce qui fait que le nombre actuel de sous-espèces de
Parus major stricto sensu est de 16.
INDICATIONS SUBSPECIFIQUES
VOIX - CHANT ET CRIS
La Mésange charbonnière est très vocale en toutes saisons. Elle possède un répertoire assez varié (40 notes distinctes connues) avec quelques constantes. Le chant est une phrase simple pouvant être rendue par des "tsi tu" ou encore "hu dit" ou "ti du", longuement répétés, parfois trisyllabique "tsi tsi tu". Les cris de contact sont de petits "tit" aigus. Un "tsi de de" est proche d'un des cris de la Mésange nonnette. Un des cris habituels, un "fint" est similaire au cri habituel du pinson, à s'y tromper. Un "psi psi hin hin hin hin" est fréquent. Également un "chchchchchch". D'autres sont intraduisibles. Les oiseaux de l'est venant en France se reconnaîtraient à leur cri dédoublé "huit huit".
HABITAT
La Mésange charbonnière est un oiseau forestier fréquentant de nombreux facies différents y compris conifériens, mais avec une préférence pour les forêts caducifoliées.
En Europe, sa préférence va à la chênaie. Sa densité peut y dépasser les 300 couples au km². On la trouve aussi dans la forêt de conifères d'altitude où elle est dominée en nombre par la Mésange noire. La plasticité de son écologie lui permet d'occuper à peu près toutes sortes de milieux arborés, naturels ou artificiels, parcs et jardins y compris en ville, vergers, bocage, ripisylve, etc.
COMPORTEMENT - TRAIT DE CARACTERE
La Mésange charbonnière est
une espèce commune et qui donc côtoie souvent l'Homme. En
période de reproduction, elle occupe le milieu forestier en formant des couples territoriaux qui défendent leur domaine. Elle montre alors une forte agressivité envers ses congénères. Mais en
dehors de cette période, elle devient grégaire et forme avec ses consœurs et
d'autres espèces de mésanges, et même d'autres passereaux comme les sittelles et les grimpereaux, des
troupes lâches qui vagabondent à la recherche de nourriture dans tous les milieux pourvus d'arbres. C'est ce qu'on appelle vulgairement des "rondes de mésanges". Cela leur procure un avantage en
terme de protection contre les prédateurs, mais aussi dans la découverte de sources de nourriture.
C'est un oiseau cavernicole pour la nidification. Elle construit son nid dans toutes sortes de cavités et anfractuosités, naturelles ou artificielles. Il est facile de l'attirer par exemple dans un nichoir artificiel. Il lui arrive d'occuper des endroits insolites comme les boites aux lettres. Très dangereux pour elle en revanche, les poteaux creux dans lesquels elle peut s'aventurer à la recherche d'un site de nid, mais dont elle ne peut plus ressortir à cause de leur étroitesse et profondeur.
Il est malheureusement classique de trouver des poteaux emplis de cadavres d'oiseaux, mésanges et autres, qui y ont été piégés. En France, les services en charge des poteaux électriques ou téléphoniques ont normalement la consigne d'obturer leurs poteaux avec un dispositif adapté conçu pour ça.
La Mésange charbonnière recherche sa nourriture dans la
végétation ligneuse, mais aussi au sol. Elle a à sa disposition deux outils performants, un bec pointu très solide qui lui permet en particulier de percer ou casser les graines à
paroi épaisse, et des pattes robustes et griffues dont elle se sert pour caler sa proie ou sa graine sur un
support avant de l'attaquer du bec. Ses pattes particulières sont, comme pour toutes les mésanges, une adaptation à la
vie arboricole. Elles lui permettent de saisir facilement rameaux et branches, de s'agripper
latéralement aux troncs, de se suspendre tête en bas pour explorer les parties inaccessibles aux autres oiseaux comme le dessous des branches, les bourgeons terminaux, les cônes des conifères,
etc. En hiver, c'est une espèce classique des postes de nourrissage qui s'intéresse aussi bien à une nourriture
d'origine animale comme la graisse qu'aux graines grasses comme celles du tournesol. La graisse est exploitée sur place tandis que les graines sont emportées au bec pour être cassées sur une branche voisine.
L'espèce est réputée sédentaire dans toute son aire. Tout au plus connaît-elle un erratisme inter-nuptial guidé par la recherche de
nourriture ou lors de petits déplacements altitudinaux.
VOL
Le vol de la charbonnière est direct et onduleux. Ses ailes relativement courtes sont signes de sa sédentarité. Elles lui permettent d'être très agile dans le milieu forestier qu'elle fréquente à longueur d'année. Ses ailes lui servent aussi lors de la parade nuptiale au moment de la formation des couples.
ALIMENTATION - MODE ET REGIME
La Mésange charbonnière a un régime alimentaire diversifié, qui peut se décliner en deux parties.
REPRODUCTION - NIDIFICATION
La nidification est printanière, essentiellement d'avril à juin dans toute la bande tempérée du domaine paléarctique. Le nid est construit dans une cavité arboricole ou rupestre, toujours à l'abri des regards. Il est fait de matériaux divers, feuilles, herbes et mousse, mais la mousse domine toujours dans la super-structure tandis que les poils et les plumes garnissent la coupe où seront déposés les œufs. La quantité de mousse apportée varie suivant l'espace disponible. Cela varie du simple au décuple et plus. Dans une boite aux lettres par exemple, les oiseaux amasseront beaucoup de mousse pour occuper l'espace, la coupe étant reléguée dans le coin le plus obscur, à condition que le facteur ne passe pas tous les jours.
L'entrée doit mesurer au moins 25
mm de largeur pour que l'espèce puisse
s'y glisser.
La construction du nid échoit à la
femelle, ravitaillée par le mâle qui lui s'occupe surtout de la défense du territoire. Les mésanges adoptant une stratégie de reproduction basée sur une grande prolificité, la taille de la ponte
est toujours élevée. Une femelle peut pondre jusqu'à 18 œufs par couvée,
le plus souvent de 5 à 12. L'incubation dure 13 ou 14 jours. Le séjour au nid est d'environ 3 semaines et il en faudra encore trois autres avant que les jeunes ne deviennent indépendants. Les
secondes pontes sont habituelles en conditions normales, ce qui fait que chaque année, un grand nombre de jeunes arrivent à l'envol.
Les jeunes sont nourris
essentiellement de proies animales énergétiques comme les chenilles. Les mésanges ne stockant pas de nourriture dans leur jabot,
la fréquence de nourrissage est très élevée. On a calculé qu'un couple pouvait apporter à leurs poussins jusqu'à 900 becquées par jour.
Bien qu'ils soient en principe bien
protégés dans leur cavité, les œufs ou les jeunes ne sont pas à l'abri de la prédation. Le Pic
épeiche par exemple est connu pour s'attaquer aux couvées ou
aux nichées de
mésanges, en élargissant l'entrée à coups de bec si
nécessaire.
DISTRIBUTION
La Mésange charbonnière de l'ancienne acception a
une vaste répartition sur l'ensemble du continent eurasiatique de l'Europe de l'Ouest au Japon, à des latitudes moyennes, débordant légèrement sur le nord de l'Afrique. On la trouve aussi en
conditions tropicales en Inde, Chine et Indochine. Trois taxons se trouvent même en Indonésie au niveau de l'Équateur.
La Mésange charbonnière au sens strict cette
fois, Parus major, occupe sur le continent une bande septentrionale qui va de l'Atlantique à la Sibérie orientale incluant toute l'Europe, le Maghreb et l'Asie mineure, atteint au sud le nord de
l'Iran et suit la Sibérie en passant par l'Altaï et la Mongolie.
MENACES - PROTECTIONS
La Mésange charbonnière n'est pas menacée pour l'instant. Elle est commune et largement répandue dans son habitat. En France, elle est protégée par la loi comme une grande majorité de passereaux.