St-Bonnet-en-Champsaur
Le Pic Queyrel offre une magnifique randonnée dans un paysage insolite taillé dans les grès. Falaises, vires, aiguilles improbables... Un superbe sentier balcon remonte le versant sud jusqu'au col du Viallet où débute un parcours de crête. On peut partir à la recherche de l'arche double, d'accès peu difficile, et située dans la face sud. Cette dernière, avec ses multiples vires, ses falaises, ses canyons et ses vallons suspendus constitue un "terrain d’aventure" très prisé.
Le Pic Queyrel est le point culminant d'un chaînon qui se détache vers l'ouest depuis la crête méridionale du Vieux Chaillol et dont la crête couronne, du côté sud, les pentes de rive droite du Champsaur à l'est de Saint-Bonnet.
- Très bon sentier jusqu’au col du Viallet
- Bonne trace jusqu’au sommet avec deux barres rocheuses à franchir par des passages plus escarpés
- Hors sentier facile pour trouver l’arche
- Bonne sente avec passages plus aériens pour le retour en face sud
- Descente raide et en hors sentier pour le retour par le col de l’Escalier.
Le Champsaur est la haute vallée de la rivière Drac, affluent de l'Isère, depuis sa source, ou plutôt ses sources, au sud du massif des Écrins, jusqu'à sa sortie du département des Hautes-Alpes, à l'entrée du lac du Sautet.
On lui associe souvent le Valgaudemar, vallée affluente parcourue par la Séveraisse, qui se jette dans le Drac peu avant le lac.
L'ensemble Champsaur-Valgaudemar est un des neuf « pays » du département des Hautes-Alpes.
Géographiquement, le Champsaur fait partie du bassin de l'Isère, alors que la quasi-totalité des Hautes-Alpes appartient au bassin de la Durance.
Il est bordé à l'ouest par le massif du Dévoluy, partie des Préalpes de nature calcaire, et au nord et à l'est par le massif des Écrins (Olan, Vieux Chaillol), partie des Alpes internes de nature cristalline. Il est séparé de la cuvette de Gap, au sud, par la ligne de partage des eaux entre Durance et Isère, vaste seuil allant des derniers sommets du sud de la chaîne des Bans (le Piolit, altitude 2 464 mètres) jusqu'aux contreforts du Dévoluy (le Pic de Gleize, 2 161 mètres), en passant par les cols de Moissière (1 573 mètres), de Manse (1 269 mètres) et Bayard (1 248 mètres), qui font communiquer la région de Gap - Embrun et le Dauphiné.
La vallée du Champsaur est d'origine glaciaire. Lors de la dernière grande glaciation, le glacier d'Orcières, parallèle au glacier de la Durance, butant sur le massif du Dévoluy, se trouva déporté vers le nord. Il se logea dans le sillon formé par le contact entre les Préalpes calcaires et le massif cristallin, où il forma un lit évasé (« en U »), coupé par quelques verrous. Une fois le glacier disparu, le Drac recreusa ce fond glaciaire, et y forma une vallée au profil plus accusé (« en V »), laissant sur les flancs les restes du lit glaciaire, qui apparaissent aujourd'hui comme des hautes plaines perchées au-dessus de la rivière, par exemple à Poligny. Une autre trace de cette époque glaciaire est la plaine d'Ancelle, ancien lac suspendu, aujourd'hui comblé.
Climat
Climatiquement, le Champsaur se distingue aussi du reste du département des Hautes-Alpes : très ouvert vers le nord, et protégé sur les autres azimuts (notamment par le massif du Dévoluy à l'ouest), il profite moins de la douceur du climat méditerranéen encore sensible à Gap, et subit le régime des bises, vents du nord qui lui amènent les nuages remontant de la cuvette de Grenoble, et, en hiver, le froid des massifs dauphinois. L'été reste par contre particulièrement agréable par sa douceur et son ensoleillement.
C'est un pays alpin, à la pluviosité assez importante (plus de 1 200 millimètres d'eau par an) mais avec un minimum estival. En 1985, 119 jours de pluie (précipitations supérieures à 0,1 millimètre), 47 jours de neige, 160 jours de gel (température minimale inférieure à 0 °C), et seulement 10 jours de chaud (température maximale supérieure à 25 °C).
Paysage
Le paysage est l'« un des rares bocages conservés en Europe » : de petites parcelles, séparées par des haies vivaces, qui les abritent du vent et du froid en hiver, leur conservent l'humidité en été, et servent d'abri à de nombreuses espèces d'oiseaux. Les nombreux canaux d'irrigation, souvent eux aussi bordés d'arbustes, complètent ce découpage de l'espace.
En descendant le Drac
Le haut-Drac est la réunion de deux torrents coulant dans deux vallées encaissées : le Drac noir, ou Drac d'Orcières, de direction est-ouest, et le Drac blanc, ou Drac de Champoléon, de direction nord-sud. Ces deux vallées n'ont plus guère d'habitat traditionnel, l'élevage en altitude étant trop ingrat. Seuls les sports de montagne font aujourd'hui vivre ces vallées : sports d'hiver à Merlette, et randonnées sportives (GR 50 et 54) dans tout le massif.
En aval de Pont-du-Fossé la vallée, dirigée vers l'ouest, s'élargit et laisse place à de belles étendues de pâturages, dans lesquelles se sont installés de nombreux petits villages (Chabottes, Forest-Saint-Julien, Le Cros,..). Cependant ici encore l'essentiel de l'activité économique repose sur le tourisme : Saint-Michel-de-Chaillol, Ancelle et Saint-Léger-les-Mélèzes sont des stations familiales de moyenne altitude (1 500 m), fréquentées principalement par les Marseillais, hiver comme été. Les résidences secondaires sont nombreuses. Une certaine diversification des activités est cependant à noter : fromageries de dimension industrielle (à Saint-Laurent-du-Cros et à Laye), pépinières, menuiseries, etc.
À Saint-Bonnet, le Drac s'oriente franchement au nord, direction qu'il gardera jusqu'à Grenoble. Saint-Bonnet, avec 1 500 habitants permanents, est la principale ville — pour ne pas dire la seule — du Champsaur ; on y trouve la plupart des commerces et services importants (du pharmacien au notaire), ce qui permet aux champsaurins de ne pas aller trop souvent à Gap. C'est de plus une ancienne ville forte, fief du sieur François de Bonne, chevalier de Lesdiguières ; des maisons du XVIe siècle bien conservées donnent à ce chef-lieu un cachet particulier.
Peu après Saint-Bonnet, le Drac reçoit son premier affluent important : la Séveraissette, qui arrive de l'est, sortant d'une longue vallée à l'habitat ancien. La Motte-en-Champsaur en commande l'entrée, le vieux village de Molines-en-Champsaur se trouve en retrait, et le vallon du Roy en amont conduit au pied du Vieux Chaillol.
En aval, le Drac coule seul avec la route entre deux flancs de gravières, et les villages sont installés sur les hauts bords préservés de part et d'autre, où une activité agricole est possible :
- sur la rive gauche, La Fare-en-Champsaur, Poligny, Le Noyer, puis Le Glaizil, villages exposés au levant mais à l'ombre des falaises calcaires de Faraud ;
- sur la rive droite, Bénévent-et-Charbillac, Saint-Eusèbe, Les Costes, Chauffayer, plus à l'aise dans des paysages vallonnés et ensoleillés.
Juste avant l'entrée du défilé du Loup, le Drac reçoit, toujours par l'est, son principal affluent : la Séveraisse, issue du Valgaudemar
Enfin, sous le village de Aspres-lès-Corps, le Drac atteint enfin le défilé des gorges du Loup, où il quitte le Champsaur, les Hautes-Alpes et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour l'Isère et la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Toponymie
La plus ancienne mention d'un nom pour ce pays date de 1027, dans une bulle du pape Jean XIX : regio quæ vocatur Camsaurus ; on trouve ensuite,
- en 1116, Campo Sauro et Campi Sauri (Ch.de Durbon),
- puis, en 1340, ducatus Campi Auri ;
- en 1504 Champsaour,
- en 1552 Champsor, etc.
Les formes anciennes impliquent un « champ saur », c'est-à-dire « champ jaune »
Histoire
Antiquité et Moyen Âge
L'occupation humaine du Champsaur semble avoir été assez tardive. Si on excepte quelques rares pièces en pierre polie trouvées à Saint-Jean-Saint-Nicolas, et un dolmen aux Roranches (commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas), les quelques vestiges préhistoriques reconnus sont postérieurs et datent de l'âge du bronze : 355 pièces dont une parure (~1000 av. J.-C.) à l'Aubérie (Bénévent-et-Charbillac) et diverses pièces en bronze à La Fare-en-Champsaur.
Les plus anciens habitants connus du Champsaur sont les Tricorii, une tribu celtique (gauloise) qui peuplaient la totalité du bassin du Drac, mentionné sous la forme Tricus, et de l'actuel Trièves, voisinant avec les Caturiges de la région d’Eburodunum (Embrun) et Vapincum (Gap). Les ours étaient présents dans la région, comme en témoignent les toponymes médiévaux conservés : Orcières, Montorcier (Mons Urserii), bien qu'il puisse s'agir également de noms de personnages vivant au Moyen Âge, Ursus étant un anthroponyme répandu à l'époque.
Une tradition locale, non étayée, voudrait qu'Hannibal, marchant sur Rome, en 218 av. J.-C., ait remonté la vallée du Drac et quitté le Champsaur par le col de Freissinières.
Entre 125 et 121 av. J.-C., les Romains occupent toute la région allant des Alpes aux Pyrénées, qui sera dénommée successivement Gaule transalpine, Gaule romaine, puis Narbonnaise. Entre le col de Manse (passage le plus utilisé depuis la haute vallée de la Durance) et le Drac, quelques restes de villages, et surtout un buste de Jupiter Ammon, attestent d'une réelle présence locale.
L'existence de voies romaines en Champsaur est discutée. La voie Domitienne passait par Eburodunum (Embrun) et Vapincum (Gap), sans pénétrer dans le Champsaur. Bien qu'aucun texte ne le corrobore, certains pensent pouvoir affirmer qu'une voie se détachait de la voie Domitienne après Caturigomagus (Chorges), passait par le col de Manse (ou le col de Moissières), puis traversait le Drac, et rejoignait à Saint-Firmin une autre voie secondaire reliant Briançon au Trièves par le Valgaudemar. Le toponyme Manse (mansio en latin désigne une halte), le chemin dit « voie romaine » sur la commune de Forest-Saint-Julien, le « pont roumieux » sur la Séveraissette, en seraient des traces, bien minces il est vrai. Une autre voie passant par le col Bayard et suivant la rive gauche du Drac, tout aussi hypothétique, est aussi évoquée.
De fait avant l'arrivée des Romains les occupants de la région disposaient d'un véritable réseau de routes, que les Romains eurent seulement à adapter à leurs besoins. Ainsi le « chemin protohistorique reliant la plaine du Pô à la Gaule transalpine par le Montgenèvre », devenu via per Alpem cottiam dans le royaume de Cottius, fut réaménagé et devint la via Domitia. Quant aux voies traversant le Champsaur, elles furent évidemment utilisées par les Romains pour rejoindre Grenoble, mais sans être transformées en véritables voies romaines.
Aux Ve et VIe siècles, invasions et annexions se succèdent : Vandales, Burgondes — dont un chef, nommé Gaudemar (ou Godemar), s'installe dans la vallée de la Séveraisse, à laquelle son nom est resté attaché —, Ostrogoths, Francs, Lombards. Une relative stabilité s'instaure à partir du VIIe siècle, où la chrétienté s'établit. En 673, les moines de l'abbaye Saint-Victor de Marseille édifient un prieuré dédié à Bonnet, évêque de Clermont ; le bourg qui l'entoure bientôt deviendra, sous le nom de Saint-Bonnet, la « capitale » du Champsaur. En 739, le patrice Abbon, gouverneur de Suse, en Piémont, légua ses paroisses du Haut-Champsaur à l'abbaye de la Novalaise, qu'il avait lui-même fondée en 726. Novalaise léguera ses droits à l'abbaye de Breme, qui les cèdera peu après à l'ordre de Cluny : en 950, l'abbé Guillaume IV de Saint-Chaffre en Velay en était gestionnaire.
La tradition locale rapporte qu'au début du Xe siècle, de nombreux Sarrasins étaient installés dans la haute vallée du Drac ; en témoigneraient par exemple une grotte des Sarrasins au-dessus du confluent du Drac noir et du Drac blanc, une tour sarrasine emportée par le Drac en 1856, peut-être aussi le hameau voisin des Tourengs. Après de nombreuses exactions, dont l'attaque de Maieul, abbé de Cluny au « pont d'Orcières », en 974, ces Sarrasins auraient été décimés au lieudit Chamort (champ mort), proche de Saint-Jean, par Guillaume Ier de Provence, et chassés définitivement de la région.
Les historiens récusent cette lecture de l'Histoire. Joseph Roman, archiviste et historiographe des Hautes-Alpes, conclut, après étude, qu'« on ne sait rien ou presque des invasions sarrasines dans nos contrées », et qu'« il ne reste dans les Alpes aucune trace de constructions datant des Sarrasins ».
Les toponymes comportant un radical maur, comme Puymaure, sont sans rapport avec les Sarrasins qui « au Moyen Âge, ne sont jamais nommés Mauri mais Sarraceni ». L'attaque de Mayeul par des pillards, dont il ne conteste pas la relation, ne prouverait pas non plus selon lui qu'il y ait eu une présence sarrasine importante. En tous cas, « cette occupation sarrasine du Xe siècle, si elle a eu lieu, ne fut ni aussi longue ni aussi complète qu'on l'a prétendu ». Robert Latouche, membre de l'Institut de géographie alpine, qualifie de « fantaisies archéologiques » les attributions aux Sarrasins de « monuments qui n'ont aucun style », de fantaisie aussi la volonté de faire de l'adjectif maur, qui est synonyme de brun, un qualificatif de lieux sarrasins, alors que « Rochemaure, par exemple, est l'équivalent de Rochebrune ». Il souligne enfin que « ces Sarrasins étaient de vulgaires pillards qui se postaient près des cols des Alpes pour détrousser les voyageurs et les pèlerins se rendant en Italie, comme aujourd'hui des bandits dévalisent les trains internationaux en Roumaine et en Serbie ». Pour lui, « les pirates du Xe siècle auraient été oubliés si, vers la fin du XIe, les Sarrasins n'étaient revenus d'actualité » du fait des croisades. « Tout naturellement, les gens du peuple, ou plutôt des pseudo-savants, ont prétendu retrouver leur trace partout [...] En réalité, les envahisseurs du Xe siècle n'avaient laissé aucune trace dans notre pays ». Quant à l'attaque de Mayeul, Latouche rejoint la quasi-totalité des historiens pour la replacer géographiquement loin du Champsaur : elle a eu lieu auprès de la commune suisse d'Orsières, au bord de la Drance, au pied du col du Grand-Saint-Bernard.
Au XIe siècle, le seigneur de Montorcier et l'évêque de Gap se partageaient la possession des terres du Champsaur. Au XIIe siècle, le Champsaur échut aux comtes de Forcalquier. D'abord vassaux des comtes de Provence, les comtes de Viennois, dits dauphins, prirent peu à peu possession du pays, depuis nommé Dauphiné.
Humbert II, le dernier des dauphins, fut un réformateur aimé des populations. En 1307, il les autorisa à léguer leurs biens ; il fit du château de Montorcier, acquis par un de ses ancêtres sur la paroisse de Saint-Jean, sur le haut Drac, une résidence somptueuse. Lorsqu'en 1349 André, son fils unique, décéda en bas âge, Humbert II décida de renoncer à ses États ; n'ayant pu les vendre à Benoît XII, pape en Avignon, il les légua à Philippe de Valois, bientôt roi de France sous le nom de Charles V, moyennant 200 000 florins, et à la condition que le fils du roi en soit le seigneur : le Dauphiné —dont le Champsaur— était désormais français, et le titre de Dauphin échut aux fils des rois successifs.
Le Dauphin Louis II, fils de Charles VII, séjourna longtemps à Grenoble, et faisait régulièrement étape à Montorcier sur la route d'Embrun. Il était proche des populations, et parlait leur langue. Devenu roi sous le nom de Louis XI, il donna des armoiries à plusieurs familles du Champsaur. En 1442, il autorisa le creusement d'un canal de Pont-du-Fossé à Saint-Laurent. En 1447, il exempta d'impôt les habitants de Champoléon dévastés par une crue du Drac Blanc.
Époque moderne et contemporaine
Lors des guerres de religion, François de Bonne, natif de Saint-Bonnet, entraîna le Champsaur dans le camp des Réformés. Il enrôla les paysans, et ses troupes firent des ravages jusqu'à Gap, où Bonne se fit construire une citadelle sur la colline de Puymaure, Embrun, dont la cathédrale fut brûlée et transformée en temple, et Corps, villes fidèles à la foi catholique. Mais lorsque Bonne, devenu duc de Lesdiguières et pair de France en 1611, se convertit au catholicisme, il ramena « son » Champsaur au Royaume de France et le pacifia. Il en devint le bienfaiteur, construisant des ponts et des hôpitaux, et organisant l'administration du Dauphiné dans son ensemble.
En 1692, les troupes du duc Victor-Amédée II de Savoie ravagèrent la région (on leur doit notamment la destruction quasi totale du château de Lesdiguières), mais n'en prirent pas possession.
Par rachats successifs, de 1686 à 1730, les jésuites du collège d'Embrun devinrent seigneurs d'Orcières et propriétaires d'une grande partie du Haut-Champsaur.
En 1790, le Champsaur-Valgaudemar et le Dévoluy furent intégrés au département des Hautes-Alpes, dans l'arrondissement de Gap, sauf les communes d'Orcières, Champoléon et Saint-Jean-Saint-Nicolas, qui furent rattachées à l'arrondissement d'Embrun, avant de revenir à celui de Gap lorsque celui-ci fut supprimé en 1926.
En 1801, quelques Champsaurins refusèrent le Concordat, et s'organisèrent pour rester fidèles au « Pape à Rome », terme vite ridiculisé en Patarons, sobriquet évoquant les patareaux (serpillères).
Lors de son retour de l'Île d'Elbe, Napoléon traversa le Champsaur, faisant halte le 6 mars 1815 au pied de Saint-Bonnet, où il fut chaleureusement accueilli par la population. En reconnaissance, il fit don aux Hauts-Alpins d'une somme permettant de construire six refuges aux principaux cols de la région. Ces « refuges Napoléon », finalement construits sous Napoléon III, ont depuis presque tous disparu ; celui du Col du Noyer, détruit, a été reconstruit et fait office de relais touristique en été ; celui du col de Manse a conservé ses panneaux-dédicaces.
Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, la population étant devenue excédentaire au regard des possibilités de l'agriculture, une vague d'émigration s'ensuivit; on estime que plus de 5 000 Champsaurins partirent vers le « nouveau monde », vendant leur peu de bien, souvent à l'État ; certains y firent fortune, quelques-uns revinrent. D'autres partirent de même en Algérie, dont la famille de Paul Robert, futur auteur du dictionnaire qui porte son nom.
En 1881, le Champsaur comptait plus de 15 000 habitants ; en 2005, cette population n'était plus que de 5 000 environ, mais manifeste, depuis peu, une nette tendance à la reprise.
Un col discret, accessible facilement et rapidement, avec au final un panorama qui s'ouvre sur le Gapençais et les Écrins
Économie
Aucune industrie n'est implantée en Champsaur, mais les petites entreprises de production, de transformation ou de construction sont nombreuses, et ont permis à une partie importante de la population de continuer à vivre dans le pays : laiteries (notamment à Saint-Bonnet et Saint-Eusèbe), fromageries (à Saint-Laurent-du-Cros et à Laye), pépinières, menuiseries, mielleries (Poligny), entreprises de transport (Ancelle), etc.
Les commerces ont déserté de nombreux villages, mais restent nombreux dans deux centres principaux : Saint-Bonnet - la Fare (2 supermarchés et plusieurs dizaines de commerces de détail) et Pont-du-Fossé. Les marchés sont nombreux en été, et un marché hebdomadaire fonctionne toute l'année à Saint-Bonnet.
L'élevage, anciennement destiné à leur propre subsistance, a toujours été une activité essentielle des Champsaurins. Les importants travaux d'irrigation du XIXe siècle lui ont donné un essor remarquable. « Si les Alpes étaient un mouton, disait-on, le Champsaur en serait le rognon ». Aujourd'hui la région exporte sa production de viande : bovins élevés en étable principalement dans le bas-Champsaur, ovins en estive dans les vallées, et quelques chèvres. Avec 18 millions de litres par an, le Champsaur était en 2005 la première zone de production laitière de la région PACA. Une notable proportion de ce lait est transformé sur place en fromage : deux entreprises locales, l'une à Laye, l'autre à Saint-Laurent-du-Cros, assurent la quasi-totalité de la production et de la commercialisation.
La production fromagère est très variée. Il s'agit le plus souvent de tommes, de dimensions diverses, associant parfois plusieurs laits : tomme de montagne, tomme des Hautes-Alpes, tomme du Champsaur, Chaudun, Moutet, Pacoulino, lou Cabrié, Bleu de Bayard, Persillé du col Bayard, Aiguille d'Orcières, Gavoua, lou Baïle, le Testard, Le Pic du Vieux Chaillol, Tome aux deux laits, Tome aux trois laits, Tome grise, Fromage au génépy, etc. Le Saint-laurent se distingue par sa forme carrée. On ne trouve plus « cette célébrité du Champsaur qu'était le fromage de Champoléon », couvert d'une épaisse croûte orange, à pâte striée en son milieu d'une raie bleue comme le Morbier.
Tourisme
Le tourisme, estival et hivernal, est développé, mais de manière plus modérée que dans le Dauphiné voisin ou en Savoie : mis à part Orcières 1850, les stations du Champsaur sont de dimension familiale : Ancelle, Saint-Léger-les-Mélèzes, Saint-Michel-de-Chaillol, Laye. La part du tourisme dans l'économie de la vallée (infrastructures, hébergement, services, emplois temporaires) est aujourd'hui prépondérante. Les divers « gîtes » et « chambres d'hôtes » se multiplient jusque dans les plus petits villages (3 dans le seul hameau des Forestons, commune de Poligny).
Vie de la vallée
Habitat
L'habitat est semi-dispersé : la plupart des communes sont composées de plusieurs hameaux ayant leur personnalité propre ; la population permanente par commune est faible, de l'ordre de 100 à 200 habitants pour la plupart ; seule Saint-Bonnet, la « capitale » historique et économique, dépasse le millier. L'afflux touristique, bien que moindre que dans les Alpes du Nord, multiplie brusquement ces chiffres, en hiver pour quelques stations de ski, et en été pour de nombreuses autres communes.
Les maisons traditionnelles du Champsaur sont le plus souvent orientées plein sud et comportent généralement des pièces à vivre en rez-de-chaussée, et une grange en étage, avec accès extérieur soit par derrière pour les maisons de la rive droite soit par une rampe nommée « montage » pour les maisons de la rive gauche (car orientées plein sud). Lorsque le propriétaire était assez riche pour avoir du bétail, la maison comportait, accolée aux pièces à vivre, une étable, qu'on nomme encore aujourd'hui « écurie ». Dans ce cas, il pouvait y avoir une chambre supplémentaire au-dessus des pièces du rez-de-chaussée. Les bâtiments ont leur façade au sud, et les toits sont couverts de petites tuiles en écailles ou d'ardoises en losanges (parfois les deux), souvent sur génoises.
Les résidences secondaires sont nombreuses, qui appartiennent pour l'essentiel à des habitants de Marseille, Grenoble ou Lyon.
Patrimoine
Langue
Les parlers traditionnels ne se rencontrent plus guère en Champsaur. Cependant quelques souvenirs restent vivaces, et ressurgissent à l'occasion : contes, comptines, chansons, poèmes ou jurons en « patois », etc.
Historiquement, le Champsaur appartient à la zone de parlers provençaux, ou plus généralement occitans, de type vivaro-alpins, avec une influence francoprovençale sensible. De nombreuses spécificités apparaissent dans le vocabulaire. Ainsi on y dit ousseou pour ocèu ou ocel (oiseau : « Tout ousseou troba soun nic beou »), petcho pour pichot (petit : Petchos meinas petchos soucis, gros meinas gros soucis), charrièra pour carriera (rue), fouont pour font (source), etc.
Les traces de ce substrat linguistique sont apparentes dans une variété de termes ou d'expressions d'origine provençale intégrés à la langue courante. L'Encyclopédie du Champsaur de Faure de Prégentil en recense plusieurs centaines. Certains sont communs à la Provence (biaïs pour manière, néguer pour noyer) d'autres sont plus dauphinois (dzouves pour jeunes gens, campane pour cloche), voire lyonnais (cuchon pour tas).
Gastronomie
Le Champsaur possède plusieurs spécialités culinaires :
- tourtons,
- caillettes,
- escargots,
- tartes à la confiture,
- « oreilles d'ânes »,
- ravioles,
- crouzets,
- tourtes de taillons, etc..
Les « repas du "tardon" et de la chèvre » sont dans chaque commune une occasion de festivité annuelle ou pluriannuelle. Ceux de Champoléon et de la Chapelle-en-Valgaudemar, début octobre, au « retour d'estive », attirent de très nombreux participants. Les fours communaux, longtemps abandonnés, sont de plus en plus remis en activité pour des cuissons collectives de pains, de pizzas, de tourtes, que les villageois se partagent. Au Noyer, c'est l'omelette pascale qui réunit tout le village.
Écomusée
Champsaur et Valgaudemar se sont associés pour créer un « écomusée éclaté », dont les divers sites présentent chacun l'un des aspects les plus caractéristiques du pays et de son Histoire. Tout en parcourant le pays, on peut ainsi visiter:
- « la maison de la botanique », au Noyer ;
- « la ferme de l'Histoire », à Pisançon (commune de Bénévent-et-Charbillac) ;
- « l'atelier - espace confluences », à Chaillol-1600 (commune de Saint-Michel-de-Chaillol) ;
- « le refuge des animaux », à Saint-Léger-les-Mélèzes ;
- « l'ancienne maison paysanne », à Pont-du-Fossé (commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas) ;
- « l'école d'autrefois », à Saint-Jean (commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas) ;
- « le moulin de Villar-Loubière » en Valgaudemar ;
- « la maison du berger », centre d'interprétation des cultures pastorales alpines, aux Borels (commune de Champoléon).
Les canaux d'irrigation
Le Champsaur, en raison de sa situation géographique, a toujours manqué d'eau en été. Dès le Moyen Âge, des syndicats furent créés pour organiser l'arrosage. En 1442, Louis XI autorisa la construction d'un canal de Pont-du-Fossé à Saint-Laurent, et en 1450 il autorisa les Gapençais à détourner le ruisseau d'Ancelle pour arroser leurs terres. Ce premier canal de Gap est toujours en activité.
En 1774, le comte des Herbeys, dont le château est aujourd'hui une résidence hôtelière, fit construire un canal de dix-huit kilomètres de long pour amener sur la paroisse d'Aubessagne l'eau de la Séveraisse. Ce canal existe toujours.
Au XVIIIe siècle, les Champsaurins construisirent le canal de Pont-du-Fossé. Il avait son origine à l'entrée de la plaine de Chabottes, à 1120 mètres d'altitude, au lieu-dit Pont du Fossé, devenu depuis le principal hameau de la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas. De là il partait à flanc de colline sur la rive gauche du Drac, traversait le ruisseau d'Ancelle par un aqueduc imposant, puis desservait les communes de la rive gauche jusqu'au Noyer, soit un parcours de près de trente kilomètres. Il a cessé de fonctionner en 1969. De nombreuses sections du canal sont encore visibles sur le terrain, ainsi que plusieurs de ses ouvrages d'art, notamment l'aqueduc de Pont de Frappe sur le ruisseau d'Ancelle, pont en maçonnerie d'environ 10 mètres de hauteur et 70 de longueur. L'ouvrage, longtemps abandonné, menaçant ruine, et interdit d'accès, a été récemment entièrement restauré, et sa visite fait partie d'un circuit de découverte.
En 1853, un décret impérial autorise la construction d'un canal destiné à amener l'eau du névé de Mal-Cros, situé à l'est du sommet du Vieux Chaillol, jusqu'aux villages de Saint-Michel-de-Chaillol, Buissard, Saint-Julien et Saint-Bonnet. La difficulté et le coût de l'entretien dépassaient les moyens matériels et humains des intéressés. Le canal de Mal-Cros ne fonctionna que quelques décennies avant d'être purement et simplement abandonné. Il en reste aujourd'hui de nombreuses traces, aussi bien en altitude (la « cabane des Parisiens », au col de Riou Beyrou, et un tronçon en tunnel dans le travers de Tourond) qu'à Chaillol même (le répartiteur) et de Chaillol à Barbeyroux, où le tracé du canal est devenu une promenade à flanc de colline.
De nombreux autres canaux ont été construits au cours du XIXe siècle, dont la plupart ont disparu dans les années 1960. Certains par contre sont toujours en activité. C'est le cas notamment du canal de Gap, construit en 1864 et restauré en 1954, qui prend sur le Drac en amont de Pont-du-Fossé, franchit le ruisseau d'Ancelle par un aqueduc et passe en tunnel sous le col de Manse. Autour de Molines-en-Champsaur, plusieurs dérivations de la Séveraissette sont elles aussi en activité.
Canal de Pont-du-Fossé
La prise alimentant le canal se trouvait, et est encore visible, immédiatement en amont du pont de Pont-du-Fossé. Un seuil sur le Drac rendait le flux disponible, et une grille protégeait le canal des déchets flottants. Après un bref passage en souterrain, l'eau passait dans un réservoir de contrôle (existant, détérioré), avant de commencer à s'écouler par gravité dans la plaine.
De Pont-du-Fossé, le canal commençait son parcours en direction du sud-ouest, jusqu'aux Estachys, où il franchissait en souterrain une petite butte, avant de commencer à s'accrocher au flanc de la chaîne des Autanes. Dans les bois sous Saint-Léger-les-Mélèzes, le relief accidenté obligeait le canal à passer parfois en tunnel, parfois sur ponts-aqueducs. Après un passage plus calme au-dessus de la Basse-Plaine de Chabottes, le canal s'orientait au sud et franchissait un épaulement par une galerie de 285 mètres de long débouchant dans l'étroit vallon du ruisseau d'Ancelle, qu'il franchissait par un imposant aqueduc en maçonnerie. Cet aqueduc, toujours debout mais fortement détérioré, a été rénové au cours des années 2009-2013 et constitue l'un des éléments patrimoniaux importants du Champsaur.
Après les gorges, le canal traversait les communes de Forest-Saint-Julien, Saint-Laurent-du-Cros, Laye, La Fare-en-Champsaur, en franchissant des multiples torrents, le plus souvent grâce à des ponts en maçonnerie, la plupart conservés, mais parfois en très mauvais état. Après une double boucle au-dessus de Poligny, le canal traversait encore le Rageoux et le torrent du Laus, et terminait sa course au vallon du Manel, à la limite nord de la commune du Noyer.
Caractéristiques techniques
L'eau du canal s'écoulait par gravité, avec une pente proche de 1 millimètre par mètre, sans aucun seuil ni bassin, depuis l'altitude de 1123 mètres (prise de Pont-du-Fossé) jusqu'à l'altitude terminale de 1090 mètres.
Le débit était déterminé par le système d'alimentation initial, sans autre régulation intermédiaire, sauf une vanne d'évacuation latérale à martelière à l'entre de l'aqueduc des Gorges. Ce débit diminuait à mesure des prises d'alimentation des communes arrosées.
Le canal était de bout en bout à ciel ouvert, y compris lors de ses passages en souterrain, construits à hauteur d'homme. Le conduit était le plus souvent une simple excavation protégée par un remblai aval, mais parfois un conduit cimenté de section carrée lorsque le terrain était trop meuble, ou, naturellement, sur les ponts ou aqueducs.
Canal de Mal-Cros
Le Champsaur ne manque pas de précipitations, mais l'eau se fait rare en été. De tous temps, les habitants ont cherché à recueillir l'eau de fonte des névés résiduels pendant l'été. Le haut vallon de Mal-Cros, voisin du sommet du Vieux-Chaillol, ayant un débit d'eau élevé, les agriculteurs du moyen-Champsaur voulurent récupérer cette eau pour irriguer leurs champs. Cependant il fallait la détourner car elle se déversait naturellement dans le vallon du Tourond, affluent du Drac de Champoléon.
En 1853, un décret impérial autorise la construction d'un canal destiné à amener l'eau du névé de Mal-Cros jusqu'aux villages de Saint-Michel-de-Chaillol, Buissard, Saint-Julien et Saint-Bonnet.
Le projet était le suivant : l'eau serait captée à la source du torrent de Mal-Cros, à 2 818 mètres d'altitude, amenée en travers de la pente ouest du vallon jusqu'au col de Riou Beyrou (2 695 mètres), puis, à travers les pentes du Vaccivier, au col de la Pisse (2 354 mètres), d'où elle pourrait descendre naturellement vers le haut de Chaillol. Là, à 1 750 mètres d'altitude, un répartiteur distribuerait les flux entre les utilisateurs de Saint-Michel, Buissard et Saint-Julien, tandis qu'un émissaire partirait à flanc de collines, direction ouest, jusqu'au lac-réservoir de Barbeyroux, alimentant le Chanet par le béal de Ponteillard et le canal des Condamines, Saint-Bonnet par le béal de Fontaniou, et enfin Bénévent-et-Charbillac, à 7 kilomètres du répartiteur.
Les travaux furent lents à débuter, et avancèrent lentement, les conditions de travail en altitude étant particulièrement défavorables : le chantier de Mal-Cros était à 4 heures de marche du village, soumis au froid, à la neige et au gel plus de 6 mois par an, au soleil et à la sècheresse en été. Une centaine d'ouvriers s'y épuisèrent. Il fallait tailler la roche dans des éboulis instables, puis stabiliser et dégager en permanence les tronçons de canal déjà tracés. Par endroits, le canal a été creusé a même la roche, certaines fois recouvert pour le protéger des éboulis, ou même en tunnel.
Quand enfin le canal atteignit Chaillol en 1872, la partie haute était déjà fragilisée, et il fallut un entretien permanent pour assurer un débit à peine satisfaisant. Les « rigoles » vers Saint-Bonnet furent achevées en 1878 ; celles vers Buissard et Bénévent-et-Charbillac ne furent jamais achevées.
La difficulté et le coût de l'entretien dépassaient les moyens matériels et humains des intéressés. Le canal ne fonctionna que quelques décennies avant d'être purement et simplement abandonné.
Situation actuelle
Il reste de nombreuses traces du canal, en altitude, vers le col de la Pisse (2 354 mètres) et la « cabane des Parisiens » (2 695 mètres) au col de Riou Beyrou, qui servit de cabane de chantier, et un tronçon en tunnel dans le travers de Tourond.
En 2004 une association s'est créée avec pour but de restaurer des parties du canal, afin de conserver cette partie du patrimoine de Saint-Michel-de-Chaillol. Il s'agit de restaurer l'état originel du canal, mais pas d'y faire circuler de l'eau. C'est principalement la partie haute du canal qui est en restauration. À Chaillol-station, le répartiteur a été restauré, quasiment en l'état d'origine.
De Chaillol à la ferme de la Coquette (à mi-chemin de Barbeyroux) le tracé du canal est devenu une promenade à flanc de colline, avec des affiches explicatives au départ.
À voir en Champsaur
Dans le Champsaur :
- au-dessus d'Orcières : Prapic et le saut du Laire, le lac des Estaris ;
- dans la vallée de Champoléon : Méollion, la cascade d'Emblard, la cascade des Prêles, le refuge du Tourond, les lacs de Crupillouse, Vallonpierre ;
- à Saint-Jean-Saint-Nicolas : la colline de Frustelle, le manoir de Prégentil (monument historique inscrit en 1988), la « maison de la vallée » ;
- à Ancelle : le château, le site archéologique de Faudun et le pic Saint-Philippe ;
- à Pont-de-Frappe : les aqueducs du canal de Pont-du-Fossé et du canal de Gap ;
- au-dessus de Forest-Saint-Julien : le Puy de Manse, la roue à eau de la Vilette ;
- à Saint-Michel-de-Chaillol : les restes du canal de Mal-Cros, le Col de la Pisse ;
- à Saint-Julien-en-Champsaur : la fontaine sulfureuse ;
- à Saint-Bonnet-en-Champsaur : les maisons XVIe siècle, les tounes, la halle ;
- à Laye : le monument aux morts de la Résistance ;
- à La Fare-en-Champsaur : le site de Notre-Dame de Bois-Vert ;
- au Noyer : la cascade Sainte-Catherine, le col du Noyer ;
- à Bénévent-et-Charbillac : la chapelle des Pétêtes (monument historique classé en 1994) ;
dans la vallée de la Séveraïssette :
- Molines et le vallon du Roy ;
- au Glaizil : les ruines du château-fort de Lesdiguières ;
- à Chauffayer : le château des Herbeys ;
- au Motty : le défilé des gorges du Loup.
et en Valgaudemar :
- au fond de la vallée : la cascade du « voile de la mariée », le refuge du Gioberney, le lac du Lauzon, le glacier des Rouies ;
- au-dessus des Andrieux : le lac de Pétarel, dit « miroir de l'Olan » ;
- au-dessus de la Chapelle : les Oules du Diable et le vallon de Navette ;
- à la Chapelle et à l'Ubac de Saint-Maurice, en hiver : les sculptures sur glace ;
- à Saint-Firmin : les ruines du château-fort.
Personnalités liées au Champsaur
- Guillaume Farel (1484-1565), disciple de Calvin, introducteur du protestantisme dans le Champsaur
- François de Bonne, Duc de Lesdiguières (1543-1626)
- Martin Albert de Champoléon, adjoint et beau-frère de Lesdiguières, nommé par lui gouverneur de Gap en 1557
- Sébastien de Roux, seigneur de Prégentil, dit le capitaine Bastien, auteur de la prise de Corps par les troupes réformées
- Pierre Terrail, dit « le chevalier Bayard », d'une famille originaire de Saint-Eusèbe
- Louis-François comte des Herbeys, constructeur du canal d'irrigation de Chauffayer en 1775
- Jean-François Champollion, égyptologue, et Eugène-André Champollion, peintre, dont la famille était originaire de Champoléon
- Dominique Villars, né au Noyer en 1755, botaniste, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg
- Blanc de la Nautte, né à Aspres-lès-Corps, diplomate, anobli par Napoléon Ier
- Le comte d'Hauterive, fils de Blanc de la Nautte, élu député de Gap en 1839 contre Adolphe Thiers
- Paul Robert, fils d'un voiturier de Saint-Bonnet, auteur du Grand dictionnaire de la langue française
- Vivian Maier (1926-2009), photographe de rue américaine, qui vécut une partie de son enfance à Saint-Julien-en-Champsaur, d'où sa mère était originaire, et y revint plus tard à plusieurs reprises.
- Paul Champsaur, qui fut directeur général de l'INSEE, puis président de l'ART et de l'ARCEP
- Guy Aubert, né aux Costes en 1938, qui fut directeur général du CNRS puis du CNED
- Michel Crespin, né à Saint-Bonnet, dessinateur de bande dessinée
- Pierre Bernard-Reymond, sénateur des Hautes-Alpes, ancien ministre et ancien maire de Gap, dont la famille est champsaurine.
- Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, qui possède un appartement à Orcières
- Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de Physique, dont la famille est champsaurine depuis quatre générations
- Sébastien Ogier, originaire de Forest-Saint-Julien, sextuple champion du monde des rallyes (2013-2018).
- Emmanuel Faber, DG de Danone, dont la famille est originaire de Saint-Bonnet, y a passé sa jeunesse.
- Robert Faure, journaliste blogueur, né à Prégentil, auteur de six livres sur le Champsaur.
François de Bonne de Lesdiguières
François de Bonne, né le 1er avril 1543 à Saint-Bonnet-en-Champsaur et mort le 28 septembre 1626 à Valence, est un militaire français.
Seigneur puis duc de Lesdiguières (1611), comte de Pont-de-Veyle, seigneur du Glaizil, maréchal de France, il est également le dernier connétable de France entre 1622 et 1626. Personnalité marquante de la province du Dauphiné, c’est en son honneur que fut baptisé au musée du Louvre l'un des deux pavillons des guichets de Seine sous la Grande Galerie, le « pavillon de Lesdiguières », l’autre étant le « pavillon de la Trémoille ». Il existe aussi des rues de Lesdiguières et bâtiments portant ce nom à Paris, Remollon, Saint-Jean-de-Bournay, Grenoble...
Biographie
Fils de Jean II de Bonne, seigneur de Lesdiguières et des Diguières ou d'Esdiguières, mort en 1548 et de Françoise de Castellane, il naît à Saint-Bonnet-en-Champsaur, situé dans la province du Dauphiné, dans le royaume de France. Il rencontre pour la première fois le futur roi Henri IV, de neuf ans son cadet, au collège de Navarre à Paris. Sa passion pour les armes ou le besoin financier le pousse à entrer sous les ordres du baron de Gordes, lieutenant général du roi et du Dauphiné.
Dans le royaume de France, la seconde moitié du XVIe siècle est notamment marquée par les guerres de Religion, une série de huit conflits (entre 1562 et 1598) durant lesquels se sont opposés catholiques et huguenots (appelés par la suite protestants) ; c'est dans ce contexte que François de Bonne va évoluer.
Lorsque le soulèvement protestant éclate dans le Dauphiné, François de Bonne rejoint son cousin Antoine Rambaud, le premier des « capitaines Furmeyer », qui mène combat. Après la mort de son cousin, il est désigné comme chef des protestants du Champsaur en 1576, et livre de nombreux combats, dont la prise de Gap, ville catholique, et n'empêche en rien le massacre de ses habitants. C’est à ce moment qu’il se fait remarquer par le roi Henri III. Lorsqu’en 1584, Henri III désigne le roi de Navarre pour lui succéder, son autorité sur les Huguenots du Dauphiné est reconnue. En août 1586, il participe à la bataille d'Allemagne-en-Provence.
Henri IV devient roi en 1589 ; par la suite, François de Bonne est nommé « commandant généralement pour le roi du Dauphiné » et lui est demandé de faire revenir le Haut-Dauphiné sous l'obéissance du roi, contre la Ligue, qui a l'appui du duc de Savoie. Le 22 décembre 1590, après plusieurs échecs sanglants, il s'empare de Grenoble, contrôlée par les catholiques, et ordonne alors un grand nombre de modifications dans la ville.
La construction de fortifications tendues sur la rive gauche remplaçant la vieille enceinte romaine tout en agrandissant la ville ainsi que la construction d'une vaste citadelle près de la Tour de l'Isle sont ses deux premières réalisations. Mais la plus imposante est la construction à partir de 1611 sur la rive droite de l'Isère d'une double branche de fortification sur la colline de la Bastille ralliant un fortin au sommet. D'autres réalisations suivront comme la création de quais au bord de l'Isère, l'embellissement de la ville avec de nouvelles rues, des égouts collectifs, des façades crépies. Sur un plan architectural, il construit la Trésorerie qui deviendra sa résidence personnelle appelée Hôtel de Lesdiguières. Enfin, aux abords de la ville, il reconstruit la digue Marcelline le long du Drac vers Claix en créant un pont d'une grande hardiesse sur le Drac, le Pont Lesdiguières, qui deviendra l'une des sept merveilles du Dauphiné.
Après la création du régiment de Bonne et des Gardes de Lesdiguières, en avril 1591, il bat, les 15 et 16 avril 1591, à la bataille d'Esparron, les troupes de la ligue puis en liaison avec le gouverneur catholique de la province, Alphonse d'Ornano, il défend le Dauphiné contre les empiétements du duc de Savoie, qui s'est fait proclamer comte de Provence par la Ligue, et le bat le 17 septembre 1591 à la bataille de Pontcharra. Il défait à nouveau à la bataille de Salbertrand, le 7 juin 1593, des troupes alliées savoyardes, espagnoles et napolitaines qui s'étaient emparées du fort d'Exilles (dans le val de Suse, alors dauphinois), bataille durant laquelle meurt Rodrigue Alvarez de Tolède, général commandant les troupes ennemies.
Fidèle à son roi, il gravit les échelons du pouvoir : nommé gouverneur de Grenoble en mars 1591, conseiller d'État le 6 septembre 1595, commandant en Provence fin septembre 1595, lieutenant général en Dauphiné en octobre 1597 – à cette période, l'édit de Nantes, promulgué en avril 1598, met fin aux guerres de Religion –, il devient maréchal de France le 27 septembre 1609. Le 25 avril 1610, François de Bonne de Lesdiguières, représentant d'Henri IV de France dans le château de Bruzolo en Val de Suse, signe le traité de Bruzolo, avec Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie ; ce traité scelle une alliance offensive et défensive entre la France et la Savoie contre l'Espagne ; cependant, Henri IV est assassiné quelques semaines plus tard, le 14 mai 1610.
François de Bonne est fait duc de Lesdiguières et pair de France en 1611, par Marie de Médicis, veuve de Henri IV et Régente pour Louis XIII de 1610 à 1614. Le duché-pairie de Lesdiguières est érigé alors à partir des terres des seigneuries de Lesdiguières et de Champsaur, appartenances et dépendances sous Henri IV. Néanmoins, il ne pourra porter ce dernier titre que sous Louis XIII, lorsque, après sa réception au Parlement le 6 février 1620, il est officiellement le premier duc de Lesdiguières. Les lettres d'érection de cette terre en duché-pairie constituent ce fief en pairie femelle, c'est-à-dire transmissible une fois en ligne féminine. C'est d'emblée la seule manière de sauver cette pairie, puisque François de Bonne n'a que trois filles de ses deux épouses successives. Sa fille Madeleine, née de sa femme Claudine de Bérenger du Gua (†1608), épousée en 1565, puis Françoise et Catherine, de sa femme Marie Vignon, fille d'un fourreur grenoblois, devenue marquise de Treffort. Son gendre, Charles de Créquy-Blanchefort, devra lui-même épouser successivement les deux jeunes femmes pour demeurer duc de Lesdiguières et transmettre le titre à sa descendance mâle.
Il devient duc du Champsaur en 1611, gouverneur du Dauphiné en 1612, puis maréchal général des camps et armées du roi en 1621, puis connétable de France et chevalier du Saint-Esprit en 1622. Il n’accédera à la charge de connétable qu’à la suite de sa conversion à la religion catholique. La cérémonie d'abjuration solennelle se déroule le 24 juillet 1622 en la collégiale Saint-André de Grenoble.
À partir de 1576, il séjourne régulièrement à Serres, donnée aux Protestants comme place de sûreté et dont son secrétaire et biographe Louis Videl (1598-1675) est originaire. Sa présence y est notamment attestée en 1582 et 1588. La tradition lui prête plusieurs demeures dans cette ville ; Maison dite de Lesdiguières.
En 1594, il s'empare des terres de Vizille et y construit sa demeure qui deviendra l'actuel château de Vizille, qu'il agrandira à partir de 1600. De 1601 à 1621, il est possesseur également du château de Coppet, qu'il marque de sa forte empreinte.
En 1597, il incite Henri IV à reprendre immédiatement la ville d'Amiens tombée dans les mains des Espagnols et commande le siège du château de l'Huile (Bourget-en-Huile), château-fort qui contrôlait la route du col du Grand Cucheron, qu'il prend à l'aide de trois canons. En 1630, ce château subira un nouveau siège par les armées de Louis XIII, et sera finalement détruit et arasé par ordre du cardinal de Richelieu.
C'est en 1597 également qu'il crée le régiment de Lesdiguières, qu'il transmettra à son gendre sous le nom de régiment de Créqui.
En 1598, il s'empare du fort Barraux que le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier venait de faire construire (1597).
En 1600, il est en première ligne lors de la guerre franco-savoyarde, au cours de laquelle il prend Conflans et Montmélian.
En 1605, sur ordre d'Henri IV, il reprend possession, à la tête du Régiment du Bourg de Lespinasse, de la citadelle d'Orange pour le compte prince Philippe-Guillaume d'Orange, époux d'Éléonore de Bourbon-Condé.
En 1620, lors des rébellions huguenotes, Lesdiguières, nouvellement converti au catholicisme, répond de la soumission du Dauphiné, dont il est gouverneur, et reçoit en remerciement le collier du Saint-Esprit et l'épée de connétable de France. Il participe aux sièges de Montauban et de Montpellier et est chargé par Louis XIII de négocier la paix avec Henri de Rohan.
Âgé de 81 ans, il participe à la guerre de la Valteline.
Chef militaire hors pair, diplomate et négociateur habile, qualifié par Henri IV « de rusé comme un renard », le dernier connétable de France meurt à l’âge de 83 ans, le 28 septembre 1626.
Possessions
François de Bonne possédait le château de Pont-de-Veyle et le château du Glaizil, dit « château de Lesdiguières », aujourd'hui en ruines, dans la chapelle duquel il fut enterré et une maison forte à Saint-Bonnet-en-Champsaur. Sa sépulture se trouve quant à elle dans la chapelle de l'église Saint-Pierre de Sassenage tandis que son tombeau se trouve aujourd'hui au musée Muséum départemental des Hautes-Alpes à Gap .
Liste non exhaustive des possessions tenues en nom propre ou en fief de François de Bonne de Lesdiguières :
- château de Châtillon-sur-Chalaronne, à Châtillon-sur-Chalaronne (1615-1645) ;
- château du Glaizil ;
- château de Pont-d'Ain, à Pont-d'Ain (1610-1648) ;
- château de Pont-de-Veyle ;
- maison forte de Lesdiguières, à Saint-Bonnet-en-Champsaur ;
- château de Vizille ;
- maison dite de Lesdiguières dédiée à Marie Vignon, à Serres.
Descendance
- Madeleine de Bonne, née en 1576, est l'unique survivante du mariage de Lesdiguières avec Claudine de Bérenger du Gua, ses frères et sœurs étant tous morts en bas âge. Elle épousa le 14 mars Charles de Blanchefort sire de Créquy. Elle mourut en 1620.
- Françoise, fille légitimée sur le tard qu'il a eue de Marie Vignon. En 1612, elle épousa en premières noces Charles René du Puy, marquis de Montbrun. Elle est démariée par les Créquy, qui voulaient récupérer la fortune des Lesdiguières, et épouse ainsi en 1623 son beau-frère Charles de Blanchefort sire de Créquy.
- Catherine, fille légitimée sur le tard qu'il a eue de Marie Vignon. Elle épousa le comte de Sault en 1619 et mourut en 1621 sans enfant.