Partie intégrante du massif du Taillefer, le chaînon reliant le Grand Serre au Piquet de Nantes culmine au sommet du Tabor à 2389 m et étire son esthétique arête faîtière sur plus de 15 km au-dessus de la Matheysine, dont l’itinéraire ici décrit en parcourt la moitié méridionale. Autant dire que ce long cheminement est un véritable petit voyage au cours duquel les merveilles du Sud Dauphiné telles que les lacs du plateau matheysin, la barrière orientale du Vercors, le Taillefer, l’Obiou, et tant d’autres… prennent une dimension et une hauteur insolites. Même si cette randonnée ne présente pas de particularités techniques, on conseillera cette longue randonnée aux marcheurs habitués aux forts dénivelés et aux longues distances.
Du parking, suivre brièvement la petite route montant à travers le champ d’en-face pour venir chercher rapidement le début de l’épaule issue du Piquet de Nantes. L’ascension se fait le long d’un bon sentier joliment boisé et l’orientation ne pose aucun problème : vers le haut par la crête ! Vers 1530 m, la forêt se dissipe et laisse place à de beaux alpages en même temps que la crête s’élargit en s’arrondissant. Un premier ressaut mène au Rocher Noir après lequel un agréable replat permet de souffler un peu. S’ensuit un second mur qui défend la Fontaine de Bigasset ainsi qu’un petit col où une descente sur la Valette, dans le fond de la vallée de la Roizonne, est possible. Le Piquet de Nantes se tient alors non loin, au sommet d’un ultime redressement du terrain juste avant lequel on peut aisément observer les différents types d’aménagement que l’homme a su développer pour lutter contre les risques d’avalanches.
La vue du sommet, ouverte de tous côtés, est sublime et il serait dommage de ne pas profiter de son emplacement pour y casser la croûte.
Poursuivre vers le Nord par une succession de courtes montées descentes, puis vers 2164 m l’arête rocheuse se précise et l’on amorce la remontée de 225 mètres en direction du Tabor, point culminant de la balade, par le fil de la Crête des Barres.
Descendre du sommet du Tabor par l’arête Nord jusqu’à un petit collu. Là, basculer sur la gauche dans des pentes ponctuées de barres rocheuses peu menaçantes à travers lesquelles le balisage jaune aide à trouver le passage le plus évident. On finit par tomber à proximité du petit lac Charvet vers 1920 m. Prendre alors une direction Sud-Ouest pour rejoindre la station abandonnée de La Chaud St-Honoré par une large piste barrant la large face Ouest du Tabor. Le parking du col de Malissol ne se situe « plus qu’à » 6,5 km de distance ; courage !
Parvenu sur le grand parking (zone de retournement des véhicules), bifurquer sur la gauche dans un champ jusqu’à couper la route une première fois avant de poursuivre par ce chemin champêtre jusqu’à Comboursière. Traversée le petit hameau puis emprunter le chemin sur la gauche qui longe par une alternance de prés et de bois la base de la montagne du Piquet de Nantes. Il est d’ailleurs facile de repérer le cheminement parcouru par les hauteurs un peu plus tôt en levant le nez. Peu avant le lieu-dit les Bruyères, le sentier remonte d’une cinquantaine de mètres avant de replonger sur les Touches où il suffit de suivre la route jusqu’aux Bertrands avant de retrouver la voiture au col de Malissol.
Sur les traces de Napoléon à Laffrey
Une statue équestre de Napoléon trône dans un alpage de Laffrey, en Isère. Elle évoque la confrontation historique entre Napoléon et les troupes royalistes, lors de son retour d’exil en 1815. Ce lieu patrimonial, appelé Prairie de la rencontre, dévoile également un beau panorama sur les montagnes de la Matheysine et sur le lac de Laffrey.
“Soldats, je suis votre Empereur, ne me reconnaissez-vous pas ? S’il en est un parmi vous qui veuille tuer son général, me voilà !” C’est par ces mots, prononcés en offrant sa poitrine aux fusils, que Napoléon fait basculer l’histoire en sa faveur le 7 mars 1815. Le lieu : un alpage désormais appelé Prairie de la Rencontre, près de Laffrey, en Isère.
Un grand silence suit ces mots. Puis les fusils des troupes royalistes de Louis XVIII s’abaissent les uns après les autres. Impressionnés par tant de bravoure et de panache, les soldats fraternisent aux cris de “Vive l’Empereur !”.
Retour au pouvoir
Napoléon vient de remporter sa victoire la plus décisive sur la route de son retour vers le pouvoir. Après cet épisode, il dit au général Cambronne : “C’est fini, dans huit jours nous serons à Paris”. Et effectivement, Grenoble se rallie à lui dans la foulée et l’acclame. Puis, l’Empereur poursuit sa marche triomphale jusqu’à la capitale, étoffant ses troupes au fil des jours.
Le 20 mars, il s’installe au palais des Tuileries, abandonné la veille par Louis XVIII. Il met en place un nouveau régime politique : un Empire doté de deux chambres législatives.
Une belle revanche pour Napoléon, revenant de son exil sur l’île d’Elbe, après avoir été déchu du titre d’Empereur en 1814. Il retrouve ainsi le pouvoir sans utiliser les armes !
Mais une victoire de courte durée. Car suite à la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815, il est définitivement exilé sur l’île de Sainte-Hélène.
La scène de la Prairie de la rencontre est un épisode important de la saga napoléonienne, avec une forte valeur symbolique. Elle met en évidence la grande popularité de l’Empereur auprès du peuple et des soldats. Et son audace à défier son propre destin.
Pour évoquer ce moment-clé de l’histoire de France, la Prairie de la rencontre est aujourd’hui ornée d’une statue de Napoléon. L’Empereur à cheval a fière allure devant les montagnes de la Matheysine, surplombant le lac de Laffrey.
Cette statue en bronze, commandée par Napoléon III, est l’œuvre du sculpteur Emmanuel Frémiet. D’abord érigée à Grenoble lors de sa création, en 1868, elle fut transférée à Laffrey en 1929.
Grâce à cette statue historique et à son beau panorama, la Prairie de la rencontre, représente l’un des lieux phares de la route Napoléon (RN85).
Cette nationale retrace l’itinéraire de l’Empereur de retour de l’île d’Elbe, entre la Côte d’Azur et Grenoble. Et témoigne de la popularité dont il bénéficie toujours…