Refuge du Promontoire 3092 mètres

La Meije

 

La Meije est une montagne du bassin de l'Oisans, en bordure nord-ouest du massif des Écrins. Elle est située à la limite des départements des Hautes-Alpes et de l'Isère.

 

Toponymie

La Meije a été attestée sous les formes Ruppis Mediana (XVème siècle, latin) puis Aiguille-du-Midi-de-la Grave (date inconnue, français). En occitan elle est appelée l'Agulha de la Meija.

C'est le premier nom occitan, l'Agulha de la Meija, qui s'est imposé, avant d'être francisé puis simplifié pour donner le nom français actuel, la Meije. Le premier élément, agulha, signifie « aiguille » et est un nom commun désignant toute montagne particulièrement pointue, tandis que le deuxième élément, meija, signifie « demie, milieu, moitié ». Le village de La Grave étant situé directement au nord de la Meije, du point de vue gravarot le soleil passe directement au-dessus de cette montagne à midi ; elle est donc l'aiguille du milieu [de la journée]. Ce nom occitan a été francisé pendant les révisions de 1832 et 1866.

Le deuxième nom occitan « Agulha de Mejorn » était plus fréquent par le passé, souvent sous sa traduction française « aiguille du Midi ». Ce nom était la préférence du géographe et alpiniste grenoblois Henri Ferrand, qui voulut nommer la montagne l'Oeille de Medjour (une graphie personnelle, correspondant au nom occitan), forme plus proche du nom utilisé par les Gravarots selon lui. Malgré d'amples disputes, notamment avec William Auguste Coolidge, la montagne a fini par garder le nom de la Meije car, selon Coolidge, s'il fallait écrire tous les noms de montagnes conformément « au son qui leur est donné par les paysans qui les ont inventés, il faudrait refaire la nomenclature alpine de fond en comble. »

D'autres toponymes semblables peuvent être relevés : le pic du Midi à Bagnères-de-Bigorre (pic de Mieidia en occitan), le pic du Midi à Siguer (pic de Miègjorn en occitan), ou l'aiguille du Midi à Chamonix (agouelye de Mi-jorn en arpitan). De plus, Chamonix possède une deuxième pointe nommée en fonction de la position du soleil au cours de la journée : le dôme du Goûter.

À La Bérarde, village situé au sud de la Meije, on l'appelle traditionnellement le Bec des Peignes, toponyme qui serait une référence au dieu celtique Penn dont l’étymologie est issue du gaulois *penno- « tête, extrémité ».

En 1712, la Meije était désignée sous la forme pointe Malaval. Ce nom est resté pour désigner la vallée de la Romanche, en contrebas : c'est la combe de Malaval, dominée de plus de 1 000 mètres par le plateau d'Emparis au nord, et de plus de 2 000 mètres par le Dôme de la Lauze au sud.

 

Géographie

 

Topographie

La Meije est composée de trois principaux sommets : le point culminant, le Grand pic de la Meije à 3 983 mètres (deuxième sommet majeur des Écrins après la Barre des Écrins qui culmine à 4 102 mètres), le Doigt de Dieu ou Pic Central de la Meije (3 973 mètres) surplombant le versant Sud et la Meije orientale (3 891 mètres), gros épaulement neigeux.


Histoire

Le Grand pic est un des sommets les plus difficiles des Alpes car il n'existe pas d'itinéraire « facile ».

Dans l'histoire de l'alpinisme, La Meije occupe une place particulière : ce fut le dernier sommet majeur des Alpes à être gravi, après dix-sept tentatives menées entre 1870 et 1877, et cette première ascension fut réalisée par un Français alors que la plupart des autres grandes premières dans les Alpes furent réalisées par des alpinistes britanniques : Whymper, Coolidge etc.

Pour ces raisons et aussi grâce à l'esthétique de sa silhouette remarquable (qualifiée de « parfaitement dissymétrique » par le compositeur Olivier Messiaen), la Meije occupe une place de choix dans l'imaginaire des alpinistes. D'ailleurs, on l'appelle parfois « La Reine Meije » ou « Sa Meijesté ».

 

La première ascension du Grand pic fut effectuée le 16 août 1877 par Emmanuel Boileau de Castelnau avec Pierre Gaspard et fils après plusieurs essais infructueux ; elle suit l'arête du promontoire en face sud, c'est-à-dire la voie « normale ». Ils descendirent par la voie de montée, abandonnant des cordes sur certains passages (la technique du rappel ne fut inventée que plus tard).

La première ascension sans guide, en 1879, est au crédit de Frederick Gardiner en compagnie de Charles Pilkington et Lawrence Pilkington.

 

La première ascension sans bivouac et en moins de vingt-quatre heures a été réalisée en 1883 par les pyrénéistes Henri Brulle, Jean Bazillac et Célestin Passet, accompagnés du père Gaspard et de son fils Maximin.

La première traversée des arêtes de la Meije a été faite dans le sens est-ouest (du Doigt de Dieu au Grand pic) le 27 juillet 1885 par Ludwig Purtscheller, Otto et Emil Zsigmondy. Il descendirent en rappel et en plantant des pitons de la première dent à la brêche au pied du Grand pic (aujourd'hui appelées dent et brèche Zsigmondy). Ils redescendirent par l’arête du Promontoire, en empruntant la dalle des Autrichiens, qui est la seule modification de l'itinéraire aujourd'hui utilisé par rapport à celui de Gaspard et Castelnau. Emil Zsigmondy chuta et se tua quelques jours plus tard, lors d'une tentative en face sud des arêtes, après avoir emprunté la grande bande de neige qui traverse cette face (banquette des Autrichiens). Il est enterré au cimetière de Saint-Christophe-en-Oisans, à côté d'Ernest Thorant.

En 1891, J.-H. Gibson, Ulrich Almer et F. Boss firent la première traversée des arêtes (dans le sens ouest-est), qui est devenu l'itinéraire classique, et considéré comme l'un des plus beaux des Alpes. Elle fait partie des 100 plus belles courses dans le massif des Écrins.

La face nord de la Meije par le couloir du Z (voie du Z) est gravie par Maurice Fourastier et Casimir Rodier en 1933.

En 1935, Pierre Allain et Raymond Leininger tracent la directissime à la face sud du Grand pic. Une autre face sud, celle du Doigt de Dieu, est gravie pour la première fois par Victor Chaud et Jean Walden le 15 août 1951.

Le 4 août 2017, un bouquetin a été photographié à plus de 3 700 m d’altitude dans la face sud de la Meije. Son cadre d'évolution est habituellement compris entre 500 et 3 300 m.

Un effondrement se produit le 7 août 2018 causé, d'après des spécialistes, par une forte dégradation du pergélisol présent derrière les tours. Les chaleurs du milieu d’été ont réchauffé cette zone et il n'y a eu que peu de températures négatives.

Alpinisme

La Meije est un objectif de choix pour les alpinistes et on y dénombre de multiples itinéraires dans des styles très variés.

L'ascension se fait généralement par l'arête Sud du Promontoire (D-) et est généralement enchaînée avec la traversée des arête jusqu'au doigt de Dieu. À la suite de l'effondrement le 15 mai 1964 de la brèche Zsigmondy, qui s'est alors abaissée de 20 m. l'itinéraire est devenu plus difficile, et le contournement de la première dent (dent Zsigmondy) a été équipé en 1971 de câbles métalliques pour faciliter et sécuriser le passage. Depuis l'éboulement massif du 7 août 2018 à partir du haut de la rive droite du glacier Carré, cet itinéraire est compromis en été, du fait de la fonte du pergélisol.

La face Sud de la Meije est également le lieu de nombreuses voies rocheuses pour les amateurs d'escalade. On peut notamment citer :

 

- Voie des Marseillais (TD)

- Voie Allain-Leininger (TD)

- Face Sud intégrale du Doigt de Dieu avec la sortie Chaud (TD+)

- Mitchka (ED+)24

 

ainsi que de nombreuses voies dites « modernes » équipées à l'aide de pitons à expansion.

En face Nord, les voies sont généralement mixte ou neigeuse :

- Voie du Z (D)

- Face Nord Directe (TD)

- Couloir Gravelotte (D), skié par Pierre Tardivel en 1997.

- Couloir des Corridors (D)

- Voie Biju-Duval (D)

Les autres sommets comme la Meije Orientale et le Doigt de Dieu sont plus faciles d'accès. Leur voie normale est sur le versant Nord et de niveau PD ; la Meije Orientale étant un itinéraire classique à ski.

 

Enfin, le tour de ce massif constitue certainement le raid à ski le plus parcouru du massif.

Refuge du Châtelleret 2225 mètres

Le refuge du Châtelleret (« le Petit Château ») est situé en France dans le massif des Écrins sur la commune de Saint-Christophe-en-Oisans, entre La Bérarde et le refuge du Promontoire. Il donne sur la face Sud de La Meije.

Ce refuge a été édifié sur le lieu même où Pierre Gaspard a bivouaqué lors de la première ascension de Meije, en 1877.

Le gestionnaire est le Comité départemental de l'Isère.

De La Bérarde le dénivelé est de 510 m pour un temps de montée de 2 h.

En été, c'est le point de départ de nombreuses courses d'alpinisme dont :

- à l'ouest, les Têtes Nord (3 342 m) et Sud (3 428 m) du Replat ;

- à l'est, le pic Nord des Cavales (3 362 m), la pointe des Aigles (3 335 m), etc.

En randonnée haute montagne, la liaison est possible avec le refuge de la Selle.

En hiver et jusqu'au printemps, le refuge est ouvert au ski de randonnée, avec notamment un accès au col de la Casse Déserte (3 483 m) et au col du Pavé (3 554 m).


Refuge du Promontoire 3092 mètres

Le refuge du Promontoire est un refuge situé en France dans le massif des Écrins, perché sur l'éperon du Promontoire en face sud de la Meije. C'est le point de départ habituel de la célèbre traversée de la Meije, qui est considérée comme une des plus belles courses de montagne des Alpes.

Son accès se fait soit depuis La Bérarde par le vallon des Étançons, soit depuis La Grave par les Enfetchores et la brèche de la Meije.

Un premier refuge en bois construit dans les années 1920, a été détruit et remplacé en 1966 par une nouvelle construction en aluminium.