DESCRIPTION - IDENTIFICATION
La Sittelle torchepot est un oiseau facile à reconnaître au plumage et au comportement, et ce d'autant plus qu'elle est le plus souvent la seule de son genre présente à un endroit donné.
Chez elle, le dimorphisme sexuel
est faible et le juvénile est
à peine plus terne que l'adulte. En revanche, l'aspect général peut être très différent suivant les sous-espèces qui
sont au nombre de 21. Nous décrirons ici la sous-espèce caesia
qui occupe l'Europe tempérée et à laquelle un observateur est le plus souvent confronté.
Les parties supérieures,
du bec au
bout de la queue, sont d'un gris-bleu assez clair, le bleu ressortant particulièrement en bonne lumière et sous un ciel bleu, le gris s'imposant plus en sous-bois, l'habitat de l'oiseau.
Les ailes et
les rectrices externes
(les centrales sont concolores au dessus du corps) sont d'un gris-brun sombre avec des liserés gris-bleu
qui rendent le plumage de l'oiseau uniforme au repos. Ce n'est qu'au vol ou lors de la toilette qu'on peut voir que les 3 paires de rectrices externes
ont du blanc à leur extrémité.
Les parties inférieures sont rousses de la gorge
au ventre, l'intensité augmentant de l'avant vers l'arrière. La gorge et les côtés de la tête sont blancs. Les flancs sont nettement châtains, surtout chez le mâle. Les sous-caudales bicolores,
blanches et châtaines, ont un aspect écailleux.
Un bandeau noir de pirate typique
court de chaque côté de la tête, du bec à
l'attache des ailes en
passant par les lores et
les yeux qu'il englobe puis se prolongeant vers l'arrière en s'incurvant. L'œil sombre est peu visible car inclus dans le bandeau. Le bec,
long et pointu, évoque celui d'un pic. Il est noir avec la base de la mandibule inférieure
gris-bleu pâle. Les pattes aux doigts très
griffus sont grisâtres à brunâtres.
La femelle a le bandeau moins
marqué, le dessous plus pâle, particulièrement les flancs, mais la distinction n'est pas aisée. Le juvénile ressemble
à la femelle, mais son bandeau est moins défini et nuancé de brun, le plumage est plus terne, les pattes plus
pâles.
Les sous-espèces se
distinguent surtout par la taille, l'intensité du gris des parties supérieures et la coloration des parties inférieures qui s'éclaircissent suivant un gradient nord-sud et ouest-est jusqu'à
devenir presque toutes blanches au nord et à l'est. Ainsi, chez les oiseaux du nord du Japon, le châtain est limité aux sous-caudales et le reste du dessous est tout blanc. Quelques ssp montrent
un léger sourcil blanc.
INDICATIONS SUBSEPCIFIQUES :
21 sous espèces
VOIX - CHANT ET CRIS
La Sittelle torchepot est très vocale. Sa voix
est unique et ne peut être confondue avec aucune autre dans les forêts européennes.
Le cri habituel est une suite de "tuit" émis à
raison de 2 à 3 notes par seconde, et souvent longuement répétées, "tuit tuit tuit tuit...). On note également des " tui tut" ou "tui tutut" répétés, des "tiup" isolés ou en séries "tiup tutut"
et d'autres encore sur le même mode. En vol, elle émet des "tsit" aigus isolés.
Le chant consiste
aussi en la répétition régulière de syllabes identiques, des "tuuiit" ascendants. Le rythme des émissions peut s'accélérer jusqu'à approcher le trille. C'est alors un "tu u u u u u u u up"
monotone ou allant légèrement decrescendo.
HABITAT
La Sittelle torchepot est essentiellement un oiseau forestier, mais on peut aussi la trouver dans tous les habitats arborés non forestiers comme les parcs et jardins, y compris en ville, les vieux vergers, les haies arborées, les peupleraies.
La condition sine qua non de sa présence en
période de reproduction est l'existence de vieux arbres avec des cavités dans lesquelles elle peut nicher. Elle occupe donc préférentiellement les vieux peuplements.
Son optimum écologique est la
futaie de feuillus,
particulièrement la vieille chênaie. La forêt mixte lui convient aussi, beaucoup moins la forêt de conifères. Elle se raréfie dès 1 000 m d'altitude mais on peut la trouver presque jusqu'à la
limite supérieure de la forêt. Elle occupe tous les types de forêts, mais avec de très faibles densités dans
celles d'altitude, la pessière ou le mélèzin.
COMPORTEMENT -TRAIT DE CARACTERE
La Sittelle torchepot est un
des passereaux les
plus vocaux au printemps en forêt. On ne peut la manquer. Lorsqu'on l'a repérée, son plumage gris-bleu et roux permet une identification facile. Son bec long
et pointu pourrait la faire prendre pour un petit pic, mais la silhouette est très différente.
En général, ce que l'on retient
surtout d'elle, c'est son comportement arboricole.
Elle est très active et très agile dans les arbres. Ses pattes robustes
munies de 4 doigts aux ongles courbes
comme des griffes lui permettent une préhension efficace des écorces, même les plus lisses.
De ce fait, elle est capable de se déplacer dans tous les sens le long des troncs et des branches, y compris la tête en bas, ce que les pics ne font jamais.
La sittelle est un oiseau
sédentaire, présent toute l'année dans sa forêt, et ceci grâce à son régime qui devient granivore en
hiver. À cette saison, elle n'hésite pas à descendre au sol récupérer glands, faines et autres graines d'arbres qu'elle consomme. Ce penchant pour les graines la pousse à fréquenter les
mangeoires à condition qu'elles soient proches d'un milieu arboré. Solution de facilité pour elle. Elle s'y montre agressive envers les autres oiseaux qui les fréquentent. Comme beaucoup d'entre
eux, elle adore les graines de tournesol. Pour ouvrir une graine dure, elle procède comme les mésanges ou les pics, à grands coups de bec sur
la graine coincée entre les pattes ou
dans une fente d'écorce. Elle est capable de casser les noisettes.
La sittelle n'est pas ce qu'on peut
appeler une espèce grégaire.
Les couples nicheurs sont très territoriaux et ne supportent pas les intrus. En revanche, une fois la saison de reproduction terminée, la territorialité s'estompe et on peut assister à de petits
regroupements lâches, sur une base familiale. Elle peut participer aux rondes de mésanges, caractéristiques de l'intersaison en milieu forestier.
Autre comportement de
l'espèce,
qui d'ailleurs lui a valu son nom spécifique, c'est l'habitude qu'elle a de maçonner le trou d'entrée de la cavité de nidification pour le restreindre à sa taille et ainsi écarter des concurrents
gênants comme les étourneaux.
VOL
Avec ses ailes larges et arrondies et sa queue courte, la sittelle a une silhouette particulière. Malgré tout, elle a un vol rapide et direct lorsqu'elle change d'arbre ou de branche. Contrairement au tichodrome sur ses parois rocheuses, la sittelle ne s'aide pas de ses ailes pour ses déplacements dans les arbres. Elle les garde collées au corps.
ALIMENTATION - MODE ET REGIME
La Sittelle torchepot est très
active dans la recherche de nourriture et cela dans toutes les strates de la forêt, du sol à l'extrémité des branches dans la canopée suivant les saisons et la disponibilité de la ressource. Elle
a un régime alimentaire mixte, insectivore à
la belle saison et granivore en
hiver.
Dès l'apparition de l'entomofaune
printanière, elle recherche activement les insectes phytophages ou
corticoles, coléoptères,
lépidoptères et autres arthropodes comme les araignées. Les jeunes au nid en sont nourris presqu'exclusivement.
Les lépidoptères y tiennent une bonne place. De ce fait, comme les mésanges, la sittelle doit jouer un rôle important, mais peut-être pas suffisant, contre les ravageurs folivores, tordeuses et autres processionnaires. Son bec puissant lui permet de déloger des proies vivant dans les parties malades ou mortes des arbres.
Dès la fin de vie végétative, elle
passe à un régime granivore et
se tourne vers les graines des arbres ou arbustes de son territoire, sans exclusive. Le régime dépend alors du contexte forestier, feuillu ou
coniférien. Les graines à enveloppe dure sont cassées à coups de bec.
Comme beaucoup d'autres espèces,
elle cache au sol ou dans les arbres des réserves de nourriture pour les jours de disette. Elle ne dédaigne pas pour autant les formes de résistance des insectes, cocons et
autres chrysalides,
qu'elle viendrait à découvrir.
Opportuniste, elle sait profiter de ressources
que l'Homme lui offre, volontairement ou non. Ainsi en forêt, c'est une assidue des points d'agrainage des chasseurs. Elle peut aussi sortir de sa forêt pour aller récolter des graines, de
tournesol par exemple, sa friandise, dans un champ proche.
Évidemment, elle suit les mésanges qui
fréquentent les postes de nourrissage hivernal où elle apprécie là encore le tournesol. Comme elles, elle en fait des réserves. En général, elle ne consomme pas sur place mais va casser ses
graines à l'écart sur un ligneux.
REPROFUCTION -NIDIFICATION
La Sittelle torchepot est monogame et territoriale. De ce fait, le couple réside toute l'année sur son territoire. La reproduction a lieu en plaine en avril et mai, plus tardivement en altitude ou à latitude élevée. La sittelle est cavernicole pour la nidification, c'est à dire qu'elle fait son nid dans une cavité. C'est surtout la femelle qui s'investit dans la nidification. C'est à elle que revient le choix du site puis son aménagement. C'est le plus souvent une cavité naturelle dans un tronc ou une branche qui est choisie, d'habitude une ancienne loge de pic.
Mais, le cas échéant, ce peut être une cavité dans une paroi rocheuse ou un mur. Un nichoir peut aussi lui convenir. Elle ne creuse pas elle-même la cavité, même si la puissance de son bec le lui permettrait. Elle a l'habitude de réduire la taille de l'entrée de la cavité aux dimensions de son corps pour écarter d'éventuels concurrents ou prédateurs, Étourneau sansonnet, Pic épeiche, Loir...
Elle le fait en maçonnant l'entrée
avec de la boue, ce qui lui a valu son nom d'espèce, Sittelle torchepot. Ce travail lui prend plusieurs
semaines. Heureusement, elle pourra réutiliser le nid par la suite.
Le nid lui-même est fait surtout de
copeaux d'écorce qu'elle taille et récolte alentour. Sur cette assise, la femelle pond de 4 à 9 œufs blancs légèrement tachetés de rouge qu'elle incubera pendant une 15e de jours. Après
l'éclosion, les jeunes seront nourris au nid par les deux adultes pendant plus de 3 semaines, ce qui est long pour un petit passereau. Après l'envol, ils resteront encore dépendants
pendant une à deux semaines. Tout ceci fait qu'une seconde ponte normale est rare.
La sittelle est
une espèce commune qui peut atteindre une forte densité dans
les habitats très favorables. La littérature cite des chiffres de 3 à 7 couples nicheurs à l'hectare, ce qui est très élevé et certainement rare. La plupart du temps, la densité doit être d'1
c/ha ou moins dans les futaies de feuillus âgées. En conifères, c'est beaucoup
moins.
DISTRIBUTION
L'aire de
répartition de la Sittelle torchepot s'étend sur toute l'Eurasie, de l'Atlantique au Pacifique, aux latitudes moyennes. Au nord, elle est absente d'Irlande, du nord des Îles Britanniques, des 2/3
nord de la Scandinavie et de la Sibérie arctique et subarctique. Elle est très rare en Finlande. Au sud, elle est absente d'Afrique, excepté des atlas marocains, de la péninsule arabique, de
toute l'Asie centrale et d'une grande partie de la Chine. Elle est présente en Turquie et dans le nord de l'Iran. À l'est, on la trouve du Kamtchatka à Formose en passant par Sakhaline, les
Kouriles et l'archipel nippon. Sur le continent, l'aire s'avance
largement sur la Chine orientale jusqu'au Hunan. 21 sous-espèces se
partagent cette aire très
vaste.
Les oiseaux des latitudes tempérées sont
sédentaires. En revanche, ceux des contrées nordiques peuvent être contraints de se déplacer par les rigueurs hivernales, et surtout en cas de pénurie alimentaire causée par une mauvaise
fructification des ligneux. Ils peuvent alors le faire en grand nombre et sur de grandes distances. C'est ainsi que des oiseaux de la ssp asiaticus ont pu atteindre la Finlande par
exemple.
MENACES - PROTECTION
La Sittelle torchepot est une espèce commune et largement répandue. Elle n'est donc pas menacée globalement au niveau spécifique. Elle est même signalée "en augmentation" depuis les années 60 en Europe, peut-être corrélativement aux changements climatiques.